L'église romane de Rioux 

en Saintonge


Texte intégral de Charles CONNOUË
Photos de Michel ROCHAT, Alain DELIQUET et Guy LERDUNG pour l'intérieur.


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"Site Belle Saintonge"

Commune du Canton de GEMOZAG (à 8 kilomètres au nord de Gémozac et à 13 kilomètres de Saintes)

L'église de  Rioux est une merveille de l'art roman saintongeais.
Construite dans la seconde moitié du  XIIe siècle,  elle a subi de nombreuses et importantes modifications au cours des siècles suivants, notamment au XIIIe et au XVe, mais ce qui a subsisté de l'époque romane est d'un intérêt exceptionnel.



 L'abside seule constitue une œuvre d'art qui au point de vue archéologique est regardée par beaucoup comme la plus belle de la province.

« Ici toute l'ornementation romane figure dans sa prodigieuse diversité, pierres posées en assises obliques, en zigzag, en écailles de poisson, colonnettes de tous genres et de toutes décorations, chapiteaux, cordons, modillons, arcatures, listels, pieds-droits sculptés, etc... »
Tout s'y rencontre.

Cette richesse, à laquelle s'associe une rare finesse d'exécution, n'a cependant attiré l'attention des Beaux-Arts que longtemps après sa voisine de Rétaud. Ce n'est, en effet, qu'en 1903, que Rioux a été classée Monument Historique, c'est-à-dire plus de quarante ans après sa rivale , (rivale, entendons-nous, dans la compétition artistique et dans la lutte pour l'obtention de la palme à la plus remarquable abside de Saintonge).
Rioux est-elle moins intéressante que Rétaud ? Beaucoup prétendent le contraire ; les opinions sur ce sujet sont fort partagées.
Les deux églises construites vers la même époque, peut-être par le même atelier, à quelques kilomètres l'une de l'autre, ont de nombreux points de ressemblance. Rioux cependant est plus complète et sa décoration est plus riche. Est-ce à dire que la balance penche en faveur de Rioux ? Non, car la qualité de l'art déployé à Rétaud est plus pure, plus classique, plus nette.
 La parure de Rioux incontestablement fort belle est aussi, à coup sûr, souvent excessive et peut sembler chargée. Beaucoup de ses détails accusent une recherche dans le raffinement qui frise l'originalité et tombe quelquefois dans l'outrance...
Malgré ces particularités, qu'on ne peut se hasarder à qualifier de défauts et peut-être à cause d'elles, Rioux demeure un « très curieux spécimen de la variété que pouvait présenter au XIIe siècle l'art de l'appareilleur ».

La célèbre abside de Rioux est à sept pans, les deux premiers droits, les cinq autres disposés en demi-cercle, chacun légèrement cintré. Dans la hauteur elle est divisée en trois étages.
Les parties inférieures sont remarquables par la diversité de leur mode de construction. L'artisan a utilisé là toutes les ressources de sa technique. Chaque aire est divisée en deux et la disposition de la partie du haut n'est pas la même que celle du bas. Tous les genres de tailles de pierre s'y rencontrent.

église romane de RIOUX

L'étage central est tout entier occupé par de grandes fenêtres romanes dont les arcs et les pieds-droits, ceux-ci descendant jusqu'au sol, sont recouverts d'une décoration dont la diversité fient du prodige.

église romane de RIOUX

 Au-dessus, à l'étage supérieur se développe une très riche arcature surmontée d'une corniche à magnifiques modillons. Entre les cintres de l'arcature et la corniche, pas un décimètre carré de la muraille n'est laissé sans sculpture. Enfin de splendides colonnes limitent les pans et les séparent, elles montent du sol au toit en s'amenuisant et en changeant de diamètre à hauteur du deuxième étage.

Guy-Lerdungéglise de RIOUX de face

Cette abside extraordinaire est très heureusement complétée par une façade qui peut compter aussi parmi les plus intéressantes de la Saintonge. Elle date également de la fin du XIIe siècle. Un superbe et large portail à quatre voussures également en plein-cintre occupe le rez-de-chaussée, son ornementation par un heureux contraste est délicate et légère. Au-dessus se développe une très belle arcature dont les neuf cintres larges et très fouillés reposent sur des colonnettes aux fûts ornés de motifs tous dissemblables. L'arcature centrale légèrement plus grande que les autres est occupée par une « Vierge à l'enfant » dans une gloire en amande tenue par des anges (ceux-ci ont presque complètement disparu)

RIOUX


Le pignon de cette façade a été au XVe siècle percé d'une ouverture ronde et surmontée d'un clocher carré à faces ornées de fenêtres jumelées tréflées. La construction de ce clocher sur une façade romane nullement faite pour le recevoir a entraîné d'importants travaux de consolidation et notamment l'adjonction d'énormes contreforts qui, pendant longtemps ont déshonoré cette partie de l'édifice. Celui de droite a été, il y a peu d'années, démoli et rejeté sur le côté. Celui de gauche doit subir bientôt une transformation qui permettra de donner à cette partie de la façade un aspect semblable à celui de droite et de la rétablir dans son état primitif.
Les colonnes du portail sont ornées de chapiteaux historiés. Ils sont malheureusement de petite dimension et en assez mauvais état.



A propos de l'un d'eux Ch. Dangibaud a écrit : «On y voit une femme assise, impassible, richement vêtue, vers laquelle s'avance un manant et que contemple un homme à bonnet pointu. On peut y reconnaître la richesse ou la fortune. Ce petit chapiteau est un des plus soignés et un des plus curieux de notre iconographie Saintongeaise »...

Il faut admettre que l'art, quand il est associé à la Science, multiplie les facultés d'observation, car il est difficile de discerner tout ce qui précède dans les quelques petites sculptures peu visibles, qui subsistent sur ce chapiteau de la première colonne de droite ...!


Photo de Guy Lerdung

La nef est d'une belle élévation, surtout depuis octobre 1947 où son sol a été abaissé de 0 m. 80 environ, ce qui a eu pour résultat de dégager d'intéressantes bases de colonnes et de mettre à jour un banc circulaire. Cette nef voûtée depuis 1860 en berceau surbaissé compte trois travées séparées par de fortes demi-colonnes adossées à des pilastres peu saillants. Leurs impostes reçoivent les retombées de grands arcs en tiers-point encadrant chacun une petite fenêtre romane très étroite. Seules les deux premières ont des chapiteaux travaillés à leurs colonnes d'angles.


Photo de Guy Lerdung
La première travée abrite une petite tribune surmontant un porche et construite entre les deux gros massifs de maçonnerie qui supportent le clocher. Très haut cette travée est voûtée sur croisées d'ogives avec au centre un vaste trou à cloches.
La quatrième portait autrefois un clocher. De fortes colonnes accolées à des pilastres attestent cette première destination.
Nef et chœur ont été récemment plafonnés en anse de panier.

Deux chapelles doubles à gauche et à droite forment transept. Elles communiquent avec la nef et le chœur par de grandes baies en tiers-point ; des voûtes ogivales (celle de gauche en pierre) les recouvrent.
Sur le bras droit du transept s'ouvre, côté ouest, une seconde porte romane à voussures ornées de cordons joliment travaillés.



L'abside demi-circulaire, séparée du chœur par un arc posé sur deux colonnes à beaux chapiteaux, plafonnée en cul-de-four est éclairée par cinq fenêtres en plein-cintre.
Ces fenêtres méritent une mention spéciale. Moins abondamment ornées qu'à l'extérieur, elles sont néanmoins fort intéressantes. Des colonnes montant du sol les séparent. De leur partie basse rien à dire, mais la partie haute est brisée en zigzag  ; disposition rare et au vrai assez disgracieuse. Ces colonnes qui semblent céder sous un poids qui les accable, sont terminées par de beaux chapiteaux sur lesquels viennent s'appuyer des arcs surbaissés bien décorés. Chaque angle des fenêtres est garni d'une élégante colonnette.
Deux cordons à ornementation de petits triangles opposés font le four de l'abside. L'un court à la hauteur des tailloirs des chapiteaux, l'autre souligne la base des fenêtres.
Cette église autrefois entièrement plâtrée et chaulée présente aujourd'hui des murs nets à joints apparents. Un dallage refait particulièrement soigné, des stalles neuves une modification dans les marches du chevet et enfin un autel moderne qui s'harmonise parfaitement avec l'ensemble, ont fait de l'intérieur de cet édifice un des plus élégants qui se puissent voir dans la région.
A ces innovations, doublées d'une complète réussite, n'est pas étranger M. l'abbé Cessac, l'actuel curé desservant (années 50), dont les initiatives heureuses ne se comptent plus. C'est ainsi que, dans un ordre d'idées un peu différent, mais tout aussi intéressant quant aux résultats possibles, il a fait placarder sous le porche d'entrée le texte suivant :
  C'est  ici   une  très  vieille  maison  de   Dieu.

   Église  Notre-Dame   de   l'assomption   de   Rioux.
Église romane Saintongeaise.
Nef du début de la seconde moitié du XIIe siècle,
 ainsi que le grand portail et la magnifique abside.
Chapelle latérale sud et son portail  de la même époque.
Chapelle latérale Nord ancienne chapelle seigneuriale, fin du  XVe siècle, début du XVIe,
construite par le baron de Rioux. Porte extérieure nord de la même époque.
Dans la nef et la chapelle sud, litre funèbre du XVIIIe siècle
avec  écussons aux armes du marquis de Monconseil, seigneur de Rioux et de Tesson.
 Dans  le chœur, fauteuil du célébrant, époque Louis XV et très beau groupe en bois,
époque  française du XVe siècle représentant le mariage mystique de Sainte Catherine d'Alexandrie d'Égypte,
Vierge morte sur la roue sous l'empereur Maximum Daïa au IVe siècle.

A la sacristie très belle commode régence avec bronzes de l'époque.
Porte-livres « époque Restauration ».

Il serait souhaitable qu'un pareil exemple fut suivi par de nombreux collègues de M. l'Abbé Cessac
qui consacre tout son temps et ses ressources au service de son église.


Il existait autrefois sous l'église de Rioux une crypte, fermée dit-on depuis plus de cent cinquante ans. Elle avait été l'objet d'une vénération spéciale donnant lieu à un pèlerinage annuel très important. Des guérisons miraculeuses y avaient été opérées. A la suite de troubles cette crypte aurait été murée, probablement vers 1787.
«Un nombre considérable de béquilles, dit la légende, étaient suspendues au plafond. — Des fouilles faites en 1939 ont amené la découverte sous la chapelle sud d'un ossuaire profondément remanié au XVIe siècle. Cet ossuaire avait une voûte qui aurait dépassé la hauteur
du sol actuel. Celui de la chapelle était donc autrefois surélevé et c'est ce qui explique la hauteur anormale des bases des colonnes à cet endroit. Est-ce la crypte aux miracles et aux béquilles ? C'est possible, quoiqu'il soit permis de penser qu'une autre crypte plus importante existe ailleurs, peut-être sous le chœur.
A vrai dire des travaux faits en octobre 1947 n'ont donné aucune indication à ce sujet et cette deuxième crypte si elle existe, aujourd'hui sans voûte et comblée, sera sans doute très difficile à découvrir.
 Les traces d'une ancienne abside ont été mises à jour.

La cloche datée de  1583 est inscrite au  Mobilier  Historique.
Dans le chœur est présentée sur un piédestal une très belle statue en bois peint. Elle représente le mariage mystique de Sainte Catherine avec l'Enfant Jésus. Elle date de la fin du Moyen Âge. La finesse des détails des costumes, la souplesse des draperies, la douceur des physionomies en font une œuvre du plus grand intérêt.

_____________________________________________Fin du texte de Charles CONNOUË
'Les églises de la SAINTONGE (livre 1 épuisé)

édition: R.DELAVAUD (Saintes)

avec leur aimable permission. __________________________

plan de l'église de RIOUX

Plan de l'église de RIOUX

Modillons de RIOUX

Quelques modillons de RIOUX la plupart sont récents

ALBUM sur la façade L'ALBUM "JQ" sur la façade de RIOUX

ALBUM chevet de RIOUX L'ALBUM "JQ" sur le chevet de RIOUX



"FAISONS PARLER un tout petit détail de la frise à RIOUX"




Il faut des jumelles pour découvrir dans le capharnaüm ces...DEUX VISAGES révélateurs !



A gauche de part et d'autre du visage les tiges sont twistées comme pour faire des NOEUDS dans une sorte d'entrelacs torsadé.
Ces torsades renferme le symbole de la chasteté: la fleur de lys
C'est l'âme de celui qui refuse cette épreuve (*).

A droite de part et d'autre du visage des volatils qui donnent la becquée
C'est celui qui non seulement accepte les épreuves
mais en plus se nourrit des paroles venues du ciel

Le visage de gauche vomit une boule symbole de l'unité intérieure
à moins que ce soit son âme.

Le visage de droite accomplit un retournement c'est à dire une conversion intérieure.

Ce motif dans cette frise est celui qui a déclenché chez moi l'envie d'approfondir les symboles, raison d'être de ce site !




Voir sur ce site le sens à attribuer aux acrobates



 

  

Alentours de Rioux

carte de situation La lanterne de RIOUX
La fausse lanterne de RIOUX dessinée par LESSON
ou pseudo lanterne des morts de RIOUX

 
  • Le phare de CORDOUAN au départ de ROYAN (à 18km )
  • ROYAN (à 18 km)
  • Les halles de COZES (à 10 km)

  • halle de COZES


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