COLOMBIERS Commune du
Canton de saintes-sud (à 15 kilomètres au Sud-est de Saintes)
Le village de Colombiers est
bâti à l'extrémité d'une
chaussée qui traverse la longue et large vallée
marécageuse de la Seugne. Ce passage
fréquenté dès les temps
préhistoriques indique que l'emplacement occupé
par l'église a probablement vu se succéder de
nombreux établissements religieux.
L'édifice actuel,
dédié à Saint-Maclou, remonte au XIIe
siècle. La façade a été
refaite au XVe. Le clocher qui se dresse sur le chœur est
intéressant à plusieurs titres.
Élevé sur une base carrée il
présente d'abord un rez-de-chaussée
carré à angles vifs accompagnés de
colonnes. Au premier étage les angles s'arrondissent ; au
deuxième ils sont abattus et la tour devient octogonale pour
finalement s'effiler en une lanterne pyramidale recouverte d'ardoises.

L'ensemble constitue une
élégante et fine construction que flanque au nord
une belle tour d'escalier.

L'abside
très courte, demi-circulaire est divisée en six
aires égales par des colonnes montant du sol
jusqu'à la corniche et reliées en tête
par des bandes lombardes.
La
nef compte trois travées et demie, cette demie est tout ce
qui reste de la première, coupée au XVe
siècle par un mur dans lequel a été
percée la porte d'entrée ogivale actuelle
ornée de quelques moulures. Cette nef était
autrefois recouverte d'une voûte en-berceau. On en voit
encore une partie au-dessus des murs latéraux ainsi que les
départs des arcs qui la soutenaient. A cette voûte
de pierre a succédé une voûte de
briques à laquelle aurait été
substituée « sans raison » à
la fin du siècle dernier une simple charpente et un plafond
de bois. Des colonnes adossées à des pilastres
recevaient les retombées des doubleaux ; elles
délimitent aujourd'hui, les travées. Des arcs en
plein cintre réunissent latéralement les
pilastres et encadrent d'étroites fenêtres romanes
à grand ébrasement. Des chapiteaux
ornés de quelques feuillages à peine
esquissés terminent les colonnes de la nef.
f
Le chœur, qui supporte
le clocher, est cantonné de quatre forts piliers de
maçonnerie carrés, faisant saillie vers l'intérieur. Des colonnes adossées
à ces piliers

soutiennent des arcs à double
ressaut surmontés d'une coupole à huit pans sur
trompes sans nervures. Le doubleau ouest est surmonté d'un
grand arc en plein cintre formant arc triomphal.
L'abside demi-circulaire,
voûtée en quart de sphère, est
éclairée par trois fenêtres en plein
cintre, la centrale seule s'orne de colonnettes aux angles.
Les nombreux chapiteaux du
chœur, bien traités quoique manquant un peu de
finesse, occupent une place honorable dans l'iconographie Saintongeaise.

Un « Pèsement des
âmes »
; ici Saint-Michel tient une balance qu'un démon cherche
à faire pencher de son côté ; l'enfer
est figuré par une tête de monstre.

Parmi ceux-ci il faut citer un
« Homme à la jambe de bois »
luttant vigoureusement, quoique infirme
et
désavantagé contre un adversaire figurant
l'esprit du mal. Un « Homme tirant la
langue de deux lions ».

Une « Tête humaine piquetée
par des oiseaux », etc...
L'église est
construite non loin d'une source circulaire où ont
été trouvés de nombreux outils
préhistoriques, signe d'une très ancienne
dévotion.
Cet
intéressant monument a été
classé Monument Historique le 20 Juillet 1908.
En 1242, l'église de
Colombiers eut probablement la visite du roi Saint-Louis.
Après ses victoires de Taillebourg et de Saintes il se
dirigeait, à la poursuite de ses ennemis, vers le Midi
lorsqu'il reçut à Colombiers l'hommage du Sire de
Pons, lequel abandonnant le camp anglais venait se ranger à
nouveau sous la bannière de France.
___________________
Fin du texte de Charles CONNOUË
Les
églises de la SAINTONGE
(livre
2 épuisé)
édition:
R.DELAVAUD à SAINTES________avec leur aimable
permission__________
 
FAISONS
PARLER LES CHAPITEAUX
de
COLOMBIERS (17)
 
Le
tailloir avec l'alternance de palmettes et feuilles lancéolées indique un choix à faire.
A gauche un personnage
à genoux, en orant et en atlante qui soutient l'édifice avec
ses mains.
Il soutient l'édifice (l'église) au sens propre et au figuré la communauté (l'Église au sens large).
c'est
le but à atteindre pour cette âme, à laquelle le sculpteur nous invite à nous identifier.
Au centre de la corbeille, un ange effectue la pesée des actions.
A sa droite un le même
visage, le même personnage mais sa coiffure est torsadée,
indiquant par là l'intemporalité.
Il essaie de faire
pencher la balance de son coté avec un
bâton dans sa
main droite
tandis que de sa main gauche, il la retient de l'autre coté!!!
Ce personnage semble hésiter.
L'ange repousse de sa main un personnage maléfique dont la coiffure est également signe d'intemporalité.
Entre l'orant et l'être maléfique il faut choisir.
C'est maintenant que l'on doit agir pour orienter le côté où penchera la balance
lors du jugement.
Sous
le bras _symbole des actions_ mais en dessous le Malin
qui crache les rinceaux qui sont les épreuves.
Le sculpteur a changé les règles habituelles :
l'âme n'est pas nue comme d'habitude et surtout
ce
n'est pas le
Malin qui essaie comme ailleurs de faire pencher la balance
de son
coté
ici c'est NOUS et rien d'autre que
NOUS avec nos actions.
Le sculpteur veut ici faire
entendre que nous sommes seuls maîtres de notre
destin !
D'ailleurs
le visage est identique depuis le début jusqu'à
la fin!

L'on revois ici à
gauche le personnage qui tient la balance de sa main droite tandis qu'il
repousse de sa main gauche
un "personnage hybride"
à tête de Malin très
mécontent
Celui-ci a corps de
lion (malheureusement endommagé) symbole de la force virile.
On
peut supposer que c'est sa queue qui en position de
maîtrise se termine par des feuillages
ressemblant
à ceux que crachait le Malin sur le tableau
précédent.
Le sculpteur aura
représenté sous forme humaine l'option
paradisiaque "l'âme en orant"
et sous
forme bestiale l'option mort spirituelle : "l'âme
prise par le Malin enfermée dans le terrestre".
_______________
Le tailloir change et
devient escalier à gravir pour aller au ciel
et le sculpteur offre un intermède floral.
Le sculpteur
présente alors un hybride. C'est
nous habillé de la force virile qui devons conquérir
nos ailes en résistant aux tentations du
Malin
représentées par les
rinceaux et feuillages bizarres comme ceux crachés par le
Malin au premier tableau.
 
Si le pilier N-O montre
l'objectif à atteindre celui-ci montre comment y
arriver.
Le
tailloir est à présent fait de rinceaux
et indique donc que le thème est celui du combat
spirituel.
Le chapiteau de gauche
montre trois personnages et un léonin
(le Malin en nous)
qui en fait ne sont que
différentes facettes inventées par le sculpteur
pour nous représenter.
D'abord bien en vue, le vieil
homme avec sa barbe et sa chevelure intemporelle.
Le
vieil homme est celui qui est prisonnier de ses passions qui
l'écartent du chemin du ciel et ne s'est pas encore
converti.
Puis
deux personnages: l'un rampant au sol et suppliant
l'autre de le laisser jouir et l'autre essayant
de relever
la tête et assainissant un coup pour massacrer l'un.
La
main gauche de celui qui rampe est disproportionnée (on la
retrouvera plus loin!).
Le
personnage à une jambe de bois ce qui
fait que sa marche (spirituelle bien sur) est
difficile voir entravée.
Une lutte
intérieure divise ce personnage.
Le mal (Malin)
se régale des moustaches du vieil homme .
Les quatre personnages ne
font qu'un .
A remarquez la boucle de l'addiction à un vice formée par la hache et le bras suppliant.
Et la boucle opposée avec la main droite sur l'astragale (l'Église) , la béquille et celui qui la suce.
La connotation sexuelle provoquante des pubs ne date pas d'aujourd'hui !
Le
chapiteau suivant reprend le même thème de la
dépendance aux vices avec comme variante le goût pour la gourde de vin.
 
A gauche
un personnage tient dans sa main gauche une corne ( remplie de
vin pour s'enivrer)
Le personnage dans
l'angle est partagé:
d'un coté
il tient à son vice et le montre en
tenant la barbe de cette partie de lui-même avec sa main
droite (ses actions)
et par ailleurs il écoute
la bonne parole des messagers venus du ciel.
Le sculpteur montre la
progression en faisant apparaître des
boucles spiralées dans ses cheveux.
Sa
conversion n'est pas complète comme le montre sa
barbe bifide symbole de son partage entre le
péché et la bonne voie.
Une
moitié de sa barbe est sous la dépendance au vice
et l'autre maîtrisée.
Le tailloir également
évolue en montrant un début de spirale dans les
rinceaux!
Remarquez la boucle de l'addiction avec les mains et les barbes.

Le
personnage suivant entre les deux volatils représente le difficile exercice de la
maîtrise de soi.
Remarquez l'évolution des mains (les actions !)
Image précédente l'une tient la barbe de celui qui s'enivre
et l'autre ne fait rien, tandis
que ci-dessus la main longue qui suppliait de pouvoir
continuer à jouir est maîtrisée.
Remarquez les chevelures qui s'ourlent (évolution vers la spirale : recentration)
Rappel tous ces
personnages ne sont qu'un: NOUS
 
Le tailloir est
à présent un entrelacs
magnifique indiquant que les scènes sont
orientées vers la vie éternelle.
A gauche le
personnage dans les épreuves, montre qu'il est maître de ses actions
(les mains) en saisissant les
tentations (du mal ou
du Malin) qui d'ailleurs fait la gueule !
 
Sous un tailloir en marches à gravir, le personnage est coiffé du casque
de la foi !
Il reçoit sa nourriture spirituelle venant du ciel.
 
Le tailloir montre deux thèmes alternativement : des palmettes et des feuilles lancéolées.
Le
personnage prend un corps de lion symbole de force virile
mais il n'a plus d'ailes et donc ne pourra aller au ciel.
C'est la rechute !

Le personnage plie
un genoux à terre et ses mains,
donc ses actions sont sous l'emprise du mal ou du
Malin.
Il se nourrit des épreuves ....

Pour
le plaisir quelques portraits
de
ce personnage qui nous ressemble:
Voilà
les chapiteaux ont parlé !
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