L'église romane de Meursac (17) en Saintonge
L'église
de Meursac est un édifies curieux qui pourrait servir de
sujet à une leçon d'histoire basée sur des
données archéologiques. Elle data du XIIe
siècle, mais de nombreuses autres époques l'ont
marquée de leurs empreintes. Elle présente en
outre, un certain nombre de particularités, voire
même d'étrangetés, qui en font une
construction intéressante à détailler.
La tour
de
PIRELONGE qui se trouve le long d'une voie romaine au milieu des vignes et au-dessus d'un souterrain refuge. La route, qui date des temps néolithiques, mettait en relation les populations du centre méridional avec les côtes de l'océan. Le souterrain, creusé probablement par les Celtes, a une entrée sous une dalle dans le cimetière voisin et une autre dans l'église près du choeur.
Une
partie forme, depuis le Moyen Age, crypte-ossuaire, mais a dû
à l'origine du catholicisme servir de lieu de
réunion et de sépultures aux premiers
chrétiens qui ont ensuite dès le IVe ou le Ve
siècle élevé un premier autel
à cet emplacement.
était
remplacée par celle que nous voyons aujourd'hui, en
même temps que la nef était raccourcie d'une
demi-travée.
En
plusieurs campagnes le chevet fut complètement
rebâti sur des baies plus larges et le clocher reconstruit.
Le bas est occupé par un seul portail en plein-cintre dont les quatre voussures à claveaux nus reposent sur des colonnes à chapiteaux historiés.
Tout
l'intérêt de cette façade
réside dans son premier étage qui est absolument
remarquable. Il y a quelques années il était
encore déparé par un énorme contrefort
d'angle qui masquait toute ta partie droite. Ce pilier heureusement
démoli, a libéré un harmonieux ensemble
où se détachent trois fenêtres : il est flanqué au nord d'une tour d'escalier coiffée d'un cône allongé nettement convexe d'un très curieux aspect qui rappelle l'ancien bonnet de nuit des vieux charentais.
La nef unique est à quatre travées, la première écourtée, séparées par des colonnes adossées à des pilastres. Des chapiteaux lisses portaient autrefois des doubleaux sur lesquels s'appuyait une voûte de pierre aujourd'hui remplacée par un plafond en anse de panier. Les pilastres sont réunis latéralement par de grands arcs en tiers-point aux centres percés d'étroites fenêtres romanes largement ébrasées. A son extrémité cette nef est presque fermée par un mur nu. Une simple baie ogivale à trois moulures donne accès au transept et au chevet. Ce dernier profond et carré, aussi large que la nef est étroite, surprend par son ampleur. Il est formé d'un vaisseau central : choeur et abside communiquant de chaque côté par deux grandes arcades avec des collatéraux dont les murs plats du fond s'alignent sur celui également plat de l'abside.
Le carré du transept, fort intéressant, permet de nombreuses observations. Il est limité par quatre piliers de maçonnerie massifs et tous dissemblables, réunis en tête par des arcs brisés de hauteurs différentes et surmontés très haut par une petite coupole sur pendentifs, barlongue et très fruste, avec au centre un large trou à cloches.
Les
chapelles des collatéraux ont des voûtes en ogive
et des fenêtres gothiques.
(Scène de combat spirituel entre forces spirituelles et viriles. Aux colonnes du choeur des chapiteaux romans rappellent par leurs sujets ceux de Saint-Eutrope de Saintes.
(Cul de lampes gothiques) Dans
les chapelles ogivales des culs-de-lampe ornés de
têtes humaines sont à détailler ainsi
que les clés de voûtes, dont l'une à
droite montre quatre anges assemblés autour de Saint Joseph
porteur d'une cage et de deux colombes. Sur une console une Vierge
à l'enfant, en bois, ainsi qu'une statue de Saint Joseph, en
bois également, sont d'une bonne exécution, mais
ne peuvent rivaliser avec le magnifique autel en bois doré
du XVIIe siècle et les deux superbes crédences
Louis XV qui l'encadrent : retable, tabernacle et crédences,
qui proviendraient de l'abbaye-aux-Dames de Saintes, sont
classés au Mobilier Historique.
où
l'on voit encore une ancienne échauguette et ses
mâchicoulis. Au XVIe siècle ce monument eut, en
effet, à subir de rudes assauts de la part des Calvinistes.
Quelques traces d'incendie encore apparentes près de la
petite porte sud du transept l'attestent, comme les ouvertures faites
à hauteur des combles pour servir de meurtrières.
__________________________________Texte intégral de Charles CONNOUË Les églises de la SAINTONGE (livre 1 épuisé) édition: R.DELAVAUD (Saintes) ________avec leur aimable permission. _____________________
Faisons parler un chapiteau rare et probablement unique de l'église de MEURSAC
Il n'est pas mis en valeur c'est dommage : LUCIFER mange la NOUVELLE LUNE Celle qui disparait "mystérieusement" durant trois jours, phénomène inexpliqué au XIe !
A droite la LUNE montre avec son front le croissant en "C" (en forme de "C" la lune décroît parce qu'elle ment ! En regardant de l'autre côté on voit évidement un "D") Trois
étoiles pour se situer dans le ciel sans
équivoque. A
droite l'on voit de ce coté le dernier croissant de la lune
décroissante Comme le Christ est plutôt soleil qui éclaire
que
lune , l'on ne peut qu'envisager une
représentation Voici un extrait de Raoul Glaber contemporain, à propos
d'une éclipse, pour expliciter les croyances de l'époque: Ce
chapiteau révélerait que les cieux sont
aussi le
domaine de Lucifer Le sculpteur a inventé le moyen de montrer sur une même image :
Le visage engoulé: c'est la "nouvelle lune" à gauche, celle qui disparaît pendant trois jours ! Sur
la tête de la lune une coiffure ? une flamme? Signe de déification? Un autre chapiteau intéressant de MEURSAC: Un personnage dans des rinceaux maîtrise la langue du "Malin" malheureusement le chapiteau est assez endommagé de l'autre coté. Un orant (réemploi?) et des étoiles à 7 branches d'une facture très ancienne. Les chapiteaux restaurés du portail: et les modillons de la façade restaurés également: A. Deliquet rev 2023
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A propos de l'église et des
souterrains... Il est bien à regretter que l'église de Meursac soit si profondément enterrée : de là une fraîcheur compromettante pour ces grandes richesses ; c'est pourquoi je me permets, Messieurs, de solliciter de votre bienveillance et de votre amour pour la conservation des belles choses, un rapport favorable auprès de l'autorité supérieure, afin qu'elle nous vienne en aide pour opérer un déblaiement qui sécherait et assainirait l'église. (C'EST FAIT DEPUIS _MERCI) Sous le sanctuaire, existe un ossuaire de grande dimension. Tous les ossements, à quelques rares exceptions près, sont d'une grosseur et d'une longueur qui ne permet point de douter qu'ils aient appartenu à des hommes vigoureux et de haute stature. Beaucoup sont cristallisés, une analyse nous a donné la preuve irrécusable que celte cristallisation n'était pas du carbonate ou phosphate de chaux, maïs du sulfate de chaux cristallisé en prismes, dont quelques crânes sont tapissés à l'intérieur. Cet ossuaire est percé dans le rocher à une profondeur de 5 mètres: c'est en 1857 que j'en ai fait la découverte, et le déblaiement total n'a été fini que pendant l'hiver 1857. Voici mon opinion personnelle que je soumets à la sagesse de vos appréciations. La population de Meursac (1500 habitants) n'aurait pu donner une si grande quantité d'ossements, car, malgré ce que j'ai fait enlever pendant mes recherches et porter dans le cimetière qui entoure l'église, il reste encore une quantité telle d'ossements entiers ou brisés qu'ils pourraient représenter les squelettes de près de 10,000 hommes. D'un autre côté comment expliquer qu'ils soient les restes d'hommes vigoureux et athlétiques? Ma pensée est qu'ils sont le résultat de quelque bataille livrée soit dans Meursac, soit dans les environs: ce qui me confirme dans cette opinion, c'est qu'une vaste plaine qui domine Meursac ainsi que le château dit La Motte, porte aujourd'hui encore la dénomination de fief Bataille. Puisque je viens de citer le château de La Motte Meursac, permettez-moi, Messieurs, de vous en dire un mot qui ne sera pas sans intérêt. Sous ce château qui, dans le XVI ème siècle était habité par les De Moni gaillard, actuellement propriété de M. Forestier, ingénieur en chef, sous ce château se trouvent d'immenses souterrains taillés dans le roc, à une profondeur de 5 mètres. Je les ai péniblement visités en tous sens: je dis péniblement, car il faut souvent marcher des pieds et des mains, et parfois se traîner à plat ventre pour pénétrer dans certaines chambres. Je présume: _ 1° que les trois chambres I. J. K. étaient des prisons souterraines, vulgairement appelées basses-fosses. _2° Que le boyau qui est obstrué et dont la direction va du côté du village appelé Cabane du château, était une sortie secrète, eu cas de surprise, à l'époque des Dragonnades, car ce château, je l'ai dit plus haut, appartenait à noble Louis de Montgaillard, partisan de l'Église réformée. _3° Le vaste corridor, à droite en entrant dans le souterrain, à voûte ogivale toute en pierre de taille, me fait supposer qu'il conduisait à l'oratoire. Un déblaiement nous éclairera plus tard. A l'entrée du bourg de Meursac, existe une maison qui porte le millésime 1559, le badigeonnage a couvert les chapiteaux de deux colonnes cylindriques qui ornent l'entrée principale de cette maison ; elle appartenait en 1662 à sieur Doussin de la Grand-Maison. L'escalier vaste et tout en pierres de taille est assez remarquable. Au centre du bourg et plus près de l'église existe une maison avec contrefort: elle était, dit-on, autrefois l'abbaye, et c'est à ces religieux que j'attribue l'ouvrage de patience de l'ossuaire cité plus haut. J'aurai été satisfait de vous parler un peu de la commanderie des Epeaux dont M. Louis de Brilhac fut le dernier commandeur, mais il n'existe plus que des ruines et un mur latéral de l'ancienne chapelle des Templiers. Dans ce château, on rendait justice, on battait monnaie, ainsi que le constate la découverte de coins et de matrices. Il y a cinq ans existaient encore les traces de prisons souterraines vulgairement dénommées basses-fosses. (Source: un livre de la bibliothèque de SAINTES dont je n'ai pas retenu l'auteur _ veuillez m'en excuser) Un autre texte: La plupart des archéologues sont d'accord pour situer l'origine de la crypte vers le V è siècle de notre ère. Rappelons que cette crypte est entièrement taillée dans le roc, avec des ajouts maçonnés qui sont l'escalier d'accès et la coupole. L'escalier semble du XII è. Les avis sont plus divergents concernant la coupole. Si certains la situent au XII è, d'autres la croient plus récente, au moins dans sa partie supérieure. M. Robert Colle, dans son livre « Saintonge mystérieuse. Aunis insolite », est le premier à avoir officiellement décrit la crypte depuis sa redécouverte. Il y voit: : " ..A l'origine, un souterrain-refuge ou un lieu de culte très ancien, peut-être gaulois; puis, à l'époque paléochrétienne, une sépulture de saint et une crypte ; au Xll è siècle, une chapelle souterraine avec une très belle coupole et un escalier tournant pour l'accès, puis un ossuaire...» EN GUISE DE CONCLUSION II y aurait beaucoup d'autres choses à dire sur cette crypte qui est loin d'avoir révélé tous ses secrets. Possède-t-elle une autre issue encore à découvrir ? Pourquoi, si elle a servi de souterrain-refuge, ne communique-t-elle pas avec un souterrain voisin ou un puits pour avoir de l'eau ? Telles sont quelques-unes des questions qui ne sont pas résolues à ce jour, ainsi que l'aménagement de l'entrée de la crypte dans l'église, qui reste fort étroite et qui relève de la compétence des Monuments historiques. (Ce 27 septembre 1978.) La commanderie des EPEAUX à MEURSAC domaine privé dont voici quelques photos: Une tombe médiévale |
à
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aux
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