L'église romane de Vaux sur Mer (17) Texte
intégral de Charles CONNOUË |
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Commune du Canton de ROYAN (à 3 kilomètres au nord-ouest de Royan et à 39 kilomètres de Saintes) ![]() Bien que qualifié de" sur Mer" le bourg de Vaux est à 1.500 mètres de l'océan. Il est bâti néanmoins dans une région fort intéressante qui, dès 1075 avait été choisie pour l'édification d'une importante Abbaye. Celle-ci fondée par un membre de la Maison de Mortagne, (Pierre et Arnaud GAMON) fut construite sur les ruines d'un temple gallo-romain. Son (premier abbé vint de l'abbaye de MAILLEZAIS qui assura la protection de cette dépendance jusqu'en 1160) prieur avait la nomination de nombreuses cures des environs. Une bulle du pape Alexandre III précise les privilèges de l'abbaye de Vaux sur mer: la villa et le bourg de Vaux, la villa et l'église Saint Martin d'ARCES, l'église de St Sordelin (St Sornin?), l'église de St Sulpice de Royan, l'église de St Cybard, l'église de Benelle, l'église de St Pierre de GRAYAN, l'église de St Martin du Bois, l'église de St Germain de Langoiran. Le cartulaire de l'abbaye du XIIIe est conservé à la bibliothèque nationale et conserve toutes les donations faites pour le salut de leurs âmes entre les années 1075 et 1270. Au cours de son existence active, mois agitée, l'abbaye de Vaux fut maintes fois pillée par les Anglais aux XIV et XVe siècles. Au XVIe durement attaquée par les Calvinistes, elle sombra dans un anéantissement à peu près complet. ![]() Tous les bâtiments conventuels incendiés disparurent, la nef entière fut abattue, le clocher décapité, les bras du transept en grande partie détruits et le chevet fortement endommagé. ![]() Par la suite un étage sans style exhaussa le clocher et au début du présent siècle une heureuse restauration sauva de la ruine tout ce qui pouvait être conservé. ![]() Un petit cimetière pittoresque occupe aujourd'hui l'emplacement de l'ancienne nef et de ses deux bas côtés, remplaçant celui qui s'étendait autrefois plus loin au Nord et à l'est. Comme Saint-Eutrope de Saintes et plusieurs autres églises en Saintonge, notamment Thézac, Marestay de Matha, etc.. Vaux n'occupe plus que le chevet d'un édifice précédemment complet. Mais moins heureuse que Marestay ou Saintes, elle n'a conservé que les départs de ses bras de transept. Malgré ses mutilations. Vaux reste, grâce à son ornementation poussée et riche, un des plus beaux monuments romans de la région. Ch. Dangibaud date cette église du premier tiers du XIIe siècle. Elle a des parties plus anciennes, des bases de colonnes par exemple, mais le fouillé des sculptures, une certaine exagération et même un peu de mièvrerie dans la décoration générale, font plutôt penser au deuxième tiers qu'au premier. ![]() L'ensemble riche et intéressant mérite examen. La façade occidentale, simple mur droit, a été reconstruit après les guerres de Religion. Elle ne comporte aucune décoration. La porte s'ouvre dans l'arc qui terminait autrefois la nef et la séparait du carré du transept sur lequel s'élève le clocher. ![]() ![]() On pénètre donc directement sous le clocher. A droite et à gauche s'amorcent les croisillons, considérablement réduits l'un et l'autre dans leur profondeur. En avant se développe l'arc d'ouverture du chœur posé sur deux puissants massifs de colonnes appuyées à de fins pilastres. Les chapiteaux du pilier Nord sont ornés de feuillages et d'arabesques, ceux du pilier sud de scènes à personnages, mais confus et difficiles à discerner. ![]() Sur le carré, seule une trompe subsiste d'une ancienne coupole, remplacée aujourd'hui par un plancher. Le chœur élevé, voûté en berceau prend jour par deux fenêtres assez vastes dont les arcs en plein-cintre s'appuient sur de grêles colonnettes à chapiteaux ornés d'arabesques. ![]() L'abside demi-circulaire fermée en cul-de-four est éclairée par une fenêtre axiale semblable à celle du chœur. Ce chevet abondamment crépi est sobre d'ornementation. ![]() A l'extérieur il en va différemment. L'abside de Vaux représente une des belles pages de l'architecture du XIIe siècle en Saintonge. Son demi-cercle est divisé en trois aires limitées par des colonnes-contreforts a chapiteaux très travaillés. ![]() (Le chapiteau du centre et sa colonne sont d'une seule pièce et probablement un réemploi d'une villa gallo-romaine) ![]() Sur l'étage supérieur, le seul, orné, se déroule une belle série d'arcatures (18 arcs aveugles) portées par de courtes colonnettes à gros chapiteaux chargés de sculptures. Une corniche a modillons très variés et bien traités couronne l'ensemble ![]() tandis qu'à mi-hauteur de l'élévation un cordon en câble fait tout le tour du chevet. ![]() Sur le mur nord à l'intérieur de l'église se trouve une inscription en latin confirmée dans le cartulaire "Moi Gombaud de Corles, j'ai donné à l'autel de Saint Étienne un cierge pour qu'il brûle pendant le sacrifice" Courlay est le village voisin de Vaux et Gombaud aurait vécu au XIIIe. L'église de Vaux, placée sous le vocable de l'intention de Saint Étienne a été inscrite, avec son cimetière aux Monuments Historiques, l'une le 4 septembre 1913, l'autre le 11 août 1936. Une belle pierre tombale datée de 1618 se dresse près de l'entrée de la nef.
Fin du texte de Charles CONNOUË __________________________________________________________________ Les églises de la SAINTONGE livre 1 épuisé) ____________________________________________________édition: R.DELAVAUD (Saintes) avec leur aimable permission _________________________________________________________________________________ L'église abbatiale de Vaux sur mer a été restaurée depuis la visite de Charles CONNOUË d'où les ajouts en italique et bleu dans le texte. La cloche a été offerte par l'abbé de Vaux GUY LANNIER et elle porte l'inscription:" Le roy Louis XIII Regnant en France Messire Jacove Evesque de Xainte Et Me Guy Lannier Abbé de Vaux A Faict Faire Cette Cloche Pour Servir Dieu en L'église Saint Estienne DV D ici Vaux en ce Juin 1638"_________________________________________________________________________________ Une pierre tombale fixée dans le mur a été mise à jour en 1921 Elle porte gravé et traduit par le Chanoine Tonnelier: "Ici repose le révérend Père David de Lallion abbé de Saint Étienne de Vaux, qui, étant mort en son pays natal le.. 1618, ses ossements, comme il l'avait ordonné de son vivant, furent ramenés ici et y furent inhumés le 8 du même mois. Lallion gouverna jadis ces Vaux comme abbé. Maintenant il échange ces Vaux pour les montagnes éternelles. Prends bien garde, qui que tu sois, n'ose pas profaner ses restes car Dieu ici présent est son gardien et juste vengeur" ![]() ![]() les CHAPITEAUX de VAUX sur Mer ou du moins essayons... " La corde sculptée représente l'entraide, la communauté. On la retrouve partout, même dans des lieux ou la navigation était impossible comme le massif central ou la corse à Murato On la voit ici coiffant des modillons et ci-dessous encadrant un retournement (ou conversion); La corde
est le thème dominant
à
VAUX sur Mer C'est le symbole de la communauté
ici à gauche empêche les monstres _symboles de vices_ de s'exprimer. A droite la corde sort de l'Église et a domestiqué ce vice qui tient une boule dans sa gueule _la boule c'est le symbole de l'unité_ L'unité était menacée par les vices et passions mais la communauté veille et tient la situation
La photo n'est pas assez précise mais la corde est encore là ! et aussi sur ce magnifique chapiteau à l'intérieur de l'édifice
Trois représentations pour le combat intérieur: Le vice ou une passion (l'ours) qui dévore l'âme (un enfant nu) qui essaie "Nos actions ne doivent plus obéir à nos vices ou passions mais être sous contrôle"
Un autre thème
C'est le thème des rinceaux (parcourt spirituel fait de progressions et régressions)
A gauche un couple enlacé qui échange un baiser et dont les jambes forment un X A droite deux colombes probablement (les messagers du ciel) s'abreuvant dans un calice. A
gauche sous le couple dans un coeur se ramifiant en feuillage dont le
principal est dirigé vers la terre_le symbole de la vie
terrestre, voir de la fécondité, voir du couple puisque l'époque a besoin de bras_ Un autre thème L'homme de gauche protège sa poitrine (la foi) Ensuite deux personnages (non visibles ici se retiennent l'un dans les bras protecteurs de l'autre.) J'y voit un symbole de concorde que vient séparer la discorde dont les jambes indiquent que ce n'est pas la voie à suivre. Un autre thème Le chapiteau du saint patron de l'église de VAUX-sur-Mer: Saint Étienne La lapidation d'Étienne premier martyr (L'église est dédiée à St Étienne) Voici le même thème traité par les artistes limougeots sur la chasse de Saint-GIMEL-les-Cascades en Corrèze (19) l'on voit Saul qui assiste au martyr. Datée des années 1160-1170, la châsse de Gimel appartient au prestigieux groupe des châsses à fond vermiculé et figures émaillées - comme la châsse de saint Étienne du musée de Guéret, et est aujourd'hui reconnue comme la première châsse à décor hagiographique sur laquelle on voit apparaître des têtes en relief, marque spécifique de l'école limousine. Enfin un modillon plein de poésie: C'est une petite boule (symbole de l'unité ) et non ce que vous pensez_ que tient
L'Eglise de VAUX-sur-Mer n'a pas été assez étudiée à mon goût: Dans la série "La nuit des temps" édition de "ZODIAQUE" une petite description page 31 et la mention de la lapidation page 187 ________________ A consulter pour l'histoire et l'architecture de l'église abbatiale de Vaux sur Mer: le fascicule du Chanoine Tonnelier que l'on trouve en librairie re-édité:
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Situation de VAUX sur MER en presqu'île d'ARVERT. A
visiter aux alentours de Vaux sur Mer:
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Alain Deliquet |
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