L'église de MORNAC-sur-Seudre (17)

en SAINTONGE


Texte intégral de Charles CONNOUË
Photos de Michel Rochat et Alain DELIQUET


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"Site Belle Saintonge"

Commune du Canton de ROYAN (à 11 kilomètres au Nord de Royan et à 30 kilomètres de Saintes)

MORNAC, petit port sur un " coureau " au fond du chenal de la Seudre, avait autrefois devant lui, non un étroit cours d'eau serpentant dans un paysage de marais et de parcs à huîtres, mais un large golfe marin qui s'étendait jusqu'aux îles de Nieuil et de Saint-Sornin.

Le bourg, très peuplé comptait deux églises. 

L'abside de celle qui a subsisté, construite sur une pente de terrain était voisine des flots.
Cet édifice très ancien a conservé certaines parties datant du XIe et peut-être du Xe siècle, sa souche pourrait même être mérovingienne puisque autour de ses murs on a découvert au siècle dernier les restes d'un cimetière attribué à cette époque.

MORNAC sur SEUDRE (17)

Aujourd'hui l'église de MORNAC est composée d'une façade du XVe siècle, d'un transept de la fin du XIIe, d'un chevet un peu plus ancien et d'un clocher mutilé, reconstruit en partie et sans style. Le tout très réparé en 1706.


(Son aspect extérieur, maintes fois modifié, n'est plus ce qu' il était avant la dernière guerre. En août 1943 un incendie allumé par la foudre détruisit toute la partie haute du clocher. Celle-ci n'était d'ailleurs qu'une charpente de bois en forme de pyramide basse surmontée d'une flèche aiguë, recouvertes l'une et l'autre d'ardoises.
Les dégâts non réparés et l'état d'abandon dans lequel est laissé cette église risquent de lui être fort préjudiciable.

Semblable carence est d'autant plus regrettable que nombreuses sont les raisons de s'intéresser à MORNAC, dont le chevet a d'ailleurs été inscrit aux Monuments Historiques le 22 octobre 1913._NB: Le clocher a été refait et il se visite)


Le plan général de l'édifice —— dédié à Saint Pierre — est classique. Croix latine avec absidioles, mais depuis quelques années la nef est coupée à l'orient par un mur de briques devant lequel est placé l'autel et cette nef constitue pour le public toute l'enceinte religieuse.

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Elle comprend quatre travées couvertes d'un plafond cintré et séparées par des colonnes adossées à des pilastres. Ces colonnes sont décapitées de leurs chapiteaux. Un de ceux-ci a été longtemps conservé (avec l'ancien Baptistère) dans le jardin de la cure. Sur ces colonnes tronquées s'appuient les départs des nervures ogivales, seuls vestiges d'une voûte disparue. Des traces de litre avec écussons peints se voient encore sur les murs.
Cette nef souvent remaniée a conservé cependant une partie de ses anciens murs et avec celui du côté Nord, près d'une tour extérieure d'escalier à fenêtres en meurtrière, une porte datant pour le moins du XIe siècle et peut-être beaucoup plus ancienne.

Le fait est d'autant plus remarquable que les vestiges architecturaux antérieurs au XIIe (sauf les romains) sont sinon inconnus, du moins rares en Saintonge et constituent de ce fait des curiosités, rencontrées seulement dans quelques églises très peu nombreuses.

Cette porte bien conservée a son cintre formé d'un arc plein à deux voussures peu saillantes. L'une est ornée de lignes creuses parallèles dont les intervalles composent une série de bâtonnets et l'autre, la plus grande, a ses claveaux creusés, sur leurs joints, de losanges. Les pieds-droits sont surmontés d'un embryon de chapiteau carré à simples listels. Au-dessus de la porte une étroite bande horizontale de courtes barres droites très rapprochées forment d'autres bâtonnets plus petits.
Aujourd'hui murée et a moitié enferrée, cette porte était primitivement à hauteur de l'ancien sol de la nef.
La façade occidentale très simple, reconstruite au XVe siècle, ne comporte qu'une porte ogivale basse à moulures prismatiques, avec à droite une niche à cintre lobé.


Le transept, le chœur et l'abside constituent la partie essentielle et Intéressante de cette église
qui, si elle avait au même titre que d'autres — Vaux par exemple — bénéficié d'une restauration par les Beaux-Arts, présenterait aujourd'hui un des beau chevet de la Saintonge. Mais elle est abandonnée à son sort et celui-ci par suite d'avatars nombreux et successifs est malheureusement assez triste.
De hautes colonnes divisent l'extérieur du sanctuaire en cinq aires,



deux pour le chœur, trois pour l'abside, l'axiale un peu plus grande. 

Deux cordons horizontaux, l'un de petits damiers,


l'autre d'arabesques partagent la hauteur en trois étages. 

Le côté Nord le mieux conservé et de ce fait le plus orné est particulièrement remarquable ; le côté Sud est masqué par une construction moderne.


L'étage inférieur ne révèle que peu de choses des dispositions de sa base. L'étage intermédiaire est percé de fenêtres. 

L'une est nue, d'autres travaillées, mais mutilées ont perdu soit des colonnettes, soif divers autres ornements, elles étaient dans l'ensemble du type à colonnettes d'angles avec arcs ornés de tores et d'un cordon à damiers ou a palmettes. 

L'étage supérieur, le plus riche est garni d'une suite de petites arcatures en plein-cintre appuyées, ou qui devraient l'être, sur de courtes colonnettes dont beaucoup ont disparu. II subsiste cependant des chapiteaux et des tailloirs ornés de feuillages ou d'entrelacs qui, très fouillés, comme tous ceux de ce chevet, sont délicatement traités, mais dans l'ensemble avec peu de relief.

Une corniche couronne le tout. Les modifions sur lesquels elle s'appuie sont d'une facture plus banale et paraissent d'une autre main.
La grosse tour carrée du clocher, presqu'entièrement abattue au cours de la guerre de Cent ans a été reconstruite en partie au-dessus de sa souche bien avant l'incendie de 1943. Rien ne permet de définir la forme primitive de ses étages.
A l'intérieur des fouilles en cours ( terminées et le niveau du sol a été abaissé de 1.5 m sinon plus) ont situé l'ancien sol à 1 m. 50 au moins, au-dessous de l'actuel. Le carré du transept, à l'origine d'une belle élévation, était couvert d'une

coupole barlongue sur trompes portée par de longues colonnes à chapiteaux peu décorés. Les croisillons voûtés en berceau brisé prennent jour par d'étroites fenêtres en plein-cintre, de même que les absidioles fermées en cul-de-four.

Le chevet beaucoup moins élevé, légèrement dévié par rapport à la nef, paraît d'une construction plus ancienne. Le chœur est voûté en berceau et l'abside en cul-de-four.
Des arcs latéraux renforcent les côtés du chœur.

Ils reposent au centre sur des colonnes à petits chapiteaux garnis de feuillages. D'autres colonnes montent jusqu'à un bandeau de damiers, de galons torsadés et d'arabesques qui prolonge les tailloirs des chapiteaux. 


La décoration de ces chapiteaux est remarquable. Tous sont ornés de motifs inhabituels, géométriques ou entrelacs en demi-méplat.

Ils semblent être des remplois et provenir d'un édifice antérieur, de l'église détruite (Saint-Nicolas) par exemple, ou de celle plus restreinte dont les murs de l'abside ont été mis à jour par les fouilles. Les uns (à l'intérieur) ont des tailloirs rapportés ou, comme ceux de l'extérieur, n'ont pas de tailloirs

D'autres n'ont pas d'astragales. D'autres enfin réduits à leur seule corbeille et trop courts surmontent des colonnes qu'il a fallu allonger.


L'un des chapiteaux, dans le chœur à gauche, n'a pas son équivalent en Saintonge.
Sous un tailloir travaillé la corbeille carrée est entièrement occupée par une niche qu'encadre une petite arcature à deux cintres portés par deux minces pilastres d'angles. Sur les côtés l'arcature n'a plus qu'un cintre. Le sujet qui garnissait cette niche n'existe malheureusement plus. II semble qu'il ait été martelé.

Les bases des colonnes du chevet récemment déterrées doivent retenir l'attention. Elles sont aussi des remplois et accusent le carolingien par leur profil anarchique et les petits cartouches ornés qui décorent les trois faces de leur socle


L'abside très courte est éclairée par trois fenêtres a colonnettes percées dans une arcature à cinq cintres amortis de gros tores appuyés sur des chapiteaux eux aussi curieusement et même bizarrement travaillés.

L'un représente l'arbre de Science , d'autres sont garnis de motifs très particuliers jamais rencontrés ailleurs
Ce chevet de MORNAC est une des curiosités artistiques et archéologiques de la Saintonge. Peu d'édifices religieux offrent une pareille réunion de vestiges d'une haute antiquité aussi bien conservés. 

Cette situation est d'autant plus extraordinaire que MORNAC a pris une part très active aux guerres qui, au Moyen Age ont ravagé la région. Plusieurs fois pris et repris par les Anglais, ce bourg eut plus tard a subir de nombreuses violences au cours des guerres de Religion qui amenèrent la disparition de la deuxième église.
MORNAC, sur le chemin de Ronce les bains, est un intéressant but d'excursion! .

______________Fin du texte de  Charles CONNOUË 

Les églises de la SAINTONGE  (livre 1 épuisé)

édition: R.DELAVAUD à SAINTES ______________________avec leur aimable permission ________________________

rev sept 2011/nov 2016/2019

 

MORNAC sur Seudre

Le village de Mornac-sur-Seudre (environ 700 habitants) est officiellement classé parmi les " Plus Beaux Villages de France ", c'est la perle des marais de la Seudre. De nombreux artistes et artisans d'art proposent leurs oeuvres dans les galeries, ateliers et boutiques le long des petites rues fleuries dont une tisserande, un maître verrier en vitraux, des sculpteurs et des peintres; son port de pêche abrite de vieux gréements, son paysage calme et reposant façonné au fil des siècles par la main de l'homme font de ce bourg jadis place forte un lieu de promenade pour les amoureux de grand air et de flâneries.


Une ex place forte stratégique

Malgré les fortifications, le petit village fut plusieurs fois assiégé pendant les conflits entre la France et l'Angleterre. Il ne reste aucun vestige des enceintes ni même du château primitif à la place duquel se dresse une élégante demeure construite au XVIIIème et remaniée au XIXème. 
MORNAC sur SEUDRE (17)
Les halles dont la plus lointaine évocation date de 1664, jadis propriété du seigneur qui en louait les emplacements laisse à supposer une existence bien plus ancienne !

MORNAC sur SEUDRE (17)

Toutes les ruelles qui l'entourent conduisent vers le port jadis lieu d'exportation du sel, aujourd'hui abris de vieux gréements

MORNAC sur SEUDRE (17)
Les maisons, basses et blanchies à la chaux, qui donnent tout son charme au village dont les rues étroites sont particulièrement lumineuses et fleuries sont un lieu de vie pour une quarantaine d'artisans, d'artistes et commerçants



Le train des Mouettes

Le train des mouettes
Pour partir à la découverte de l'estuaire de la Seudre, rien de tel que le train des Mouettes qui dessert, en une heure, La Tremblade, Mornac-sur-Seudre et Saujon. Classée monument historique, la très belle locomotive âgée de 114 ans, atteint la vitesse de 30 km/h. Entre avril et octobre, ce moyen de locomotion original et tranquille est idéal pour traverser les bassins et les marais salants sans se fatiguer.

  

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