L'église romane de SURGÈRES (17)

en AUNIS


Texte intégral de Charles CONNOUË
Photos d'Alain DELIQUET


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"Site Belle Saintonge"

Commune du Canton de l'arrondissement de ROCHEFORT (à 42 kilomètres au Nord de Saintes)


La petite ville de Surgères est située à l'extrême limite Nord de la Saintonge. Géographiquement, en admettant qu'il existe des frontières géographiques entre les deux provinces, elle appartient à l'Aunis. Mais certains auteurs et parmi eux des Aunisiens, ont écrit : « Surgères est déjà de la Saintonge. ».
 Par ailleurs Prosper Mérimée, attaché au service des Monuments Historiques (nom et fonctions qui sont des références) disait en 1841 : « Surgères est à mon avis, ce qu'il y a de plus beau dans la Saintonge où II y a tant de belles choses ».
Ce particulier hommage rendu tant à la région qu'à l'église est plus qu'une invitation à classer Surgères dans la Saintonge, c'est une autorisation et même une décision qui rendrait toute controverse inutile, s'il devait s'en produire !
Surgères prendra donc rang dans la série de nos belles églises, bien que son style ne l'apparente guère, reconnaissons-le, au roman classique saintongeais. Mais elle est d'une telle valeur artistique, que notre province, quoique déjà comblée, ne pourra que s'enrichir encore, en s'annexant un si magnifique monument.
Si quelque visiteur, circulant sur nos routes, hésitait à «pousser» jusqu'à Surgères, qu'il soit assuré de ne pas avoir à regretter son déplacement.

SURGERES

Cette localité de 3.500 habitants (à l'époque, 6800 en 2021), éloignée de tout grand centre, et habituée à vivre repliée sur elle-même, a toujours été fort active. Longtemps fortifiée et fief féodal de l'ancienne maison seigneuriale des Maingot, barons déjà puissants en 1051, Surgères a pris une part importante à toutes les guerres du Moyen Age. Prise et reprise par les Anglais, puis sentinelle avancée des Rochelais pendant leurs luttes contre les catholiques de France, elle dut assister maintes fois à la démolition de ses murailles. Louis XI en 1472 ordonna de démanteler le château et en 1793 la terre de Surgères fut vendue comme bien national. Les derniers pans de ses murs tombèrent il y a quelques années pour être remplacés par un jardin public.

SURGERES

L'église construite à l'intérieur de l'enceinte du château est aujourd'hui dans ce jardin. Elle daterait de 1092, mais son apparence accuse le milieu du XIIe siècle. Longtemps elle demeura la principale possession en Saintonge de l'abbaye de Vendôme, avant d'être finalement intégrée au diocèse de Saintes. Après que son clocher roman eut été détruit au cours de la guerre de Cent ans, une nouvelle tour s'éleva à son emplacement et un transept avec absidioles fut ajouté au XVe siècle. Enfin de sérieuses réparations effectuées en 1364 et 1872 consolidèrent certaines parties vétustes. En 1885 une grande fenêtre flamboyante qui perçait le centre de la façade fut heureusement remplacée par l'arcade romane actuelle.

Surgères est une superbe construction qui n'a pas d'équivalence ou même de ressemblance en Saintonge. Elle n'est pas supérieure aux célébrités reconnues, mais elle est différente. Ses particularités en font un édifice hors série.

Surgères

Son clocher par exemple a une silhouette a nulle autre pareille ; sa façade dotée d'une décoration toute spéciale est d'une largeur exceptionnelle et sa crypte double est fort rare.
L'architecte, pourtant maître en son art, n'a pas recherché ici l'élan vers le haut. Il semble s'être complu dans un  étalement qui n'est pas sans grandeur et qu'il a volontairement accusé.
La façade coupée en deux parties égales par une corniche s'écarte résolument du type Saintongeais. Plus de grand portail flanqué de deux fausses portes, plus de galerie à l'étage > mais au rez-de-chaussée une suite de sept baies de même hauteur, inégales en largeur. Cette inégalité fait que certains des arcs sont pleins et d'autres outrepassés. Deux rouleaux et quatre colonnes encadrent la baie centrale où s'ouvre le portail. Un seul rouleau et deux colonnes ornent les autres toutes aveugles sauf la deuxième qui est percée d'une petite porte de secours relativement récente.

SURGÈRES

La décoration très riche est surtout faite de motifs géométriques. Certains arcs ont la même : cercles concentriques, pointes de diamant, tores et dents de scie ; mais des losanges gaufrés recouvrent le cintre de la première baie et deux rangées de marguerites à huit branches celui de la dernière.

SURGERES

Les chapiteaux réunis par un fin bandeau forment frise et du plein de deux des tympans ressortent des sujets en ronde bosse, remplois probables, mais très détériorés et de ce fait indéterminables.

SURGERES

Ces sept baies sont séparées par des colonnes montant jusqu'à la première corniche, après avoir changé de diamètre à la hauteur des tailloirs. Seules les deuxième et sixième se prolongent à travers l'étage qui apparaît d'une conception peut-être plus originale encore que celle du rez-de-chaussée.
Quatre baies non symétriques dont trois sont percées d'une fenêtre en occupent avec quelques surfaces planes toute la largeur. La première appuie ses deux vastes rouleaux sur de courtes colonnes à chapiteaux ; la deuxième placée au-dessus du portail a ses deux arcs portés par des colonnes de dimensions normales. C'est-elle qui a remplacé la fenêtre flamboyante. Les deux autres plus étroites n'ont qu'une seule voussure. Tous les cintres et leurs larges cordons richement travaillés sont fouillés avec art.

SURGÈRES

A droite et à gauche de la baie centrale, deux petites niches encadrent chacune une statue équestre mutilée. Il est difficile de les identifier, mais il est probable que l'une représente Hugues, seigneur de Surgères et l'autre Geoffroy, abbé de Vendôme, les deux fondateurs de l'église.
(Certains disent Constantin piétinant l'hérésie arienne)

SURGÈRES

Cette magnifique façade, merveille architecturale, est étayée aux angles par deux groupes de colonnes de différents diamètres : six au Sud, neuf au Nord.

SURGÈRES

Une description s'arrêtant là serait incomplète. Il est nécessaire d'attirer par une mention spéciale, l'attention sur les deux splendides corniches qui traversent la façade d'une extrémité à l'autre. Toutes les deux s'appuient sur une interminable suite de modillons d'une variété étonnante.

SURGÈRES

 Les espaces entre chacun d'eux sont en outre rehaussés de motifs divers. Là, se suivent et se poursuivent, griffons, loups, chevaux, poissons, crabes, oiseaux

SURGÈRES

SURGÈRES

et scènes multiples à personnages, tous d'une impeccable exécution.

SURGÈRES

Un  pignon  légèrement rétréci coiffe le tout.

Les murs de la nef sont extérieurement ornés de jolies fenêtres à colonnettes et à cintres sculptés. Au-dessous de chacune d'elle se voient encore les traces des foyers d'incendie allumés par les Huguenots au cours des guerres de Religion.

SURGÈRES


SURGÈRES

SURGÈRES

SURGÈRES

Le clocher un peu grêle pour la masse de l'édifice est unique en son genre. Il a remplacé une ancienne construction dont il ne subsiste qu'une large souche carrée. Sur celle-ci a été greffée une curieuse tour octogonale formant lanterne, dont chaque face est percée de deux très étroites et très longues ouvertures encadrées chacune de deux fines colonnes. Cette disposition donne à l'ensemble l'apparence d'orgues colossales.
La toiture pyramidale revêtue d'ardoise a récemment remplacé une autre toiture également en ardoise, mais d'une forme différente.

SURGÈRES

A l'intérieur trois nefs de 18 mètres de haut, séparées par des piliers rectangulaires aux angles abattus, alignent leurs quatre travées sous des voûtes en ogives modernes. Une coupole sur trompes portée par de puissants piliers recouvre la travée du clocher. Les bras du transept du XVe siècle, voûtés en berceau, prennent jour par des fenêtres à un meneau.

SURGÈRES

La très belle abside en cul-de-four a son mur circulaire percée de cinq fenêtres très décorées. Des colonnes montant du sol les séparent et soutiennent une série d'arcs
surbaissés qui les entourent. Un élégant cordon court à la hauteur des appuis des fenêtres.
Il y a lieu d'admirer un superbe retable de l'époque Louis XIII et quelques tableaux de bonne facture.

SURGÈRES

Sous l'abside existe une crypte et au-dessous de celle-ci un caveau. Une colonne centrale soutient les voûtes de la crypte où se voient encore d'anciennes peintures à fresque. Le caveau sépulture des seigneurs de Surgères a été violé à la Révolution et les tombes profanées ont disparu.

L'église, dédiée à Notre Dame de l'assomption, a été classée Monument Historique en 1862.

____________________Fin du texte de Charles CONNOUË 

Les églises de SAINTONGE
livre V épuisé

édition: R.DELAVAUD (Saintes)

avec leur aimable permission._______________________________

Je ne fais parler aucune sculpture, faute d'un thème évident et parce que la plupart des sculptures sont refaites.

Vers l'ALBUM JQ

A visiter à  PROXIMITÉ de SURGÈRES:



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Pont du Martrou

Il ne reste  que ce pont typique en France

(Voir le sujet sur ce site)

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