L'Église Saint Fortunat de Saint FORT-sur-GIRONDE en Saintonge Texte
intégral de Charles CONNOUË Les photos de ce site peuvent être utilisées exclusivement à des fins non commerciales après autorisation et à condition d'en mentionner l'origine: "Site Belle Saintonge"
Saint-Fort-sur-Gironde (à 5 kilomètres de la Gironde) possède un splendide édifice religieux, dont le clocher original et très pittoresque a souvent tenté les artistes. Quand on aborde la petite ville par les coteaux qui la dominent à l'est ou au Sud le regard est brusquement accroché par !a haute masse grise d'une grosse tour que surmonte un dôme hérissé de crochets, d'aiguilles et de gargouilles. C'est l'église Saint Fortunat. Il n'y a pas en effet de « Saint » Fort dans la martyrologie chrétienne. Fort était le nom par lequel on désignait autrefois une châsse contenant des reliques. Or, les reliques de Saint Seurin, évêque de Bordeaux, vivant au IVe siècle, qui fut longtemps en grande vénération dans la région étaient conservées dans une châsse : « le fort de Saint-Seurin » qui a laissé son nom à la localité. Le culte de Saint Fort est donc une altération du culte de Saint Seurin. (NB: une autre version: Saint Fort diminutif de Saint Fortunat: Originaire d'Italie du Nord, né près de Trévise vers 530, mort vers 601. Il est connu avant tout comme poète, ami de Sainte Radegonde dont il écrivit la biographie. Venance Fortunat devint évêque de Poitiers à la fin de sa vie. ) Des dates diverses ont été indiquées pour la construction de cet important monument: XIe siècle prétendent les uns. Début du XIIe disent d'autres; 1175 précise Ch. Dangibaud. En fait, cette église, telle que nous la voyons aujourd'hui, est un amalgame de roman, d'ogival et de style Renaissance. La souche est probablement très ancienne, mais la façade récemment restaurée accuse la deuxième moitié du XIIe siècle avec peut-être quelques chapiteaux plus anciens réemployés. Ils ne sont en effet ni de la même main que le reste de la décoration, ni de la même pierre. La nef actuelle est du XIIIe siècle. Le clocher et le chevet sont des XVe et XVIe. Les voûtes ruinées et longtemps remplacées par une charpente ont été rétablies, en matériaux légers, en 1838. La façade presque carrée est divisée dans sa hauteur en trois parties. Un portail et deux grandes baies aveugles occupent le rez-de-chaussée , une arcature a dix cintres et une large corniche meublent le premier étage. Le deuxième terminé en pignon est percé d'une rosace. Le plein-cintre du portail comprend trois voussures et ceux des fausses portes chacun deux, toutes complétées par un cordon. Portail et baies sont séparés et encadrés par de larges pilastres dont les chapiteaux joints à ceux des colonnes des pieds-droits forment un remarquable bandeau décoratif. Sobres de dessin et de bonne exécution, ces chapiteaux malheureusement détériorés par les intempéries sont à détailler. Il faut citer : un loup apportant un agneau à sa louve ; un combat de chèvres ; des pommes de pin; des griffons , des personnages assemblés. Les arcs de la façade ont fait, avec le clocher, la réputation de Saint-Fort. Ils ont reçu une ornementation très particulière d'où se détache une voussure célèbre dans les milieux archéologiques. Elle est entièrement garnie de têtes de chevaux mordant une barre continue. Ces têtes de chevaux ne sont pas uniques en Saintonge ; on en retrouve à Saint-Quantin-de-Rançannes, autrement disposées , à Pérignac, moins importantes ; à Saint-Germain-du-Seudre, localité voisine, pâle imitation. Celles de Saint-Fort, très bien exécutées sont les plus remarquables. Elles auraient, outre leur valeur artistique et décorative un sens symbolique. L'Abbé Rainguet y a vu : « l'image des passions fougueuse que seul, le frein de la religion peut contenir. ». Certains ont pensé que c'était un hommage rendu à ces « frères inférieurs » qui au moment de la construction de l'édifice avaient peiné avec les hommes et comme eux. (NB: l'interprétation qui a retenu mon attention _de "Lire nos vieilles pierres"_ : Ce serait un jeu de mot entre EQUUS (cheval) et AEQUUS (égal) Le cheval étant étant lié aux chevaliers qui font la guerre, annonciateurs de mort... J'y ajoute un second jeu de mot entre MORS (mort) et MORS (pour dompter la conduite du cheval) voire d'un troisième puisque "mours" en patois c'est le museau.. Le sculpteur aurait ainsi traité le thème de l'égalité de tous devant Dieu et la mort à l'entrée de l'édifice succursale du ciel.) L'ornementation des autres arcs dérive de celle de la chapelle Saint-Gilles à Pons. On y trouve de gros bâtonnets très rapprochés, d'autres plus petits et plus espacés traversés par un tore. Ailleurs une série de cabochons est insérée entre deux nervures rondes. Cette décoration élégante, nette, originale et fort plaisante à l'œil est assez fréquente dans cette partie de la Saintonge. Un fin bandeau à feuillages porte l'arcature du premier étage. Les cintres ornés de trois tores s'appuient sur des colonnettes à gros chapiteaux très ouvragés. Au-dessus une très belle corniche à chanfrein sculpté traverse entièrement la façade et en constitue une des beautés essentielles. Elle repose sur une série d'intéressants modillons où l'on peut voir à côté de têtes humaines et de loups, des oiseaux et des personnages divers. L'un porte sur son dos un énorme poisson (allusion à la pêche de l'esturgeon en Gironde) , un autre agenouillé reçoit une bourse d'un démon. ( Je proteste : c'est un personage qui supplie un démon pour qu'il lui rende son trésor spirituel.) Des disques tous différents et bien ornés occupent chaque espace entre les modillons. L'étage supérieur reconstruit sur des restes d'appareillage oblique est percé d'une rosé rayonnée. Le clocher s'élève sur le côté sud de la nef, sa base forme bras de transept. Vu, soit du nord, soit du midi, il réalise dans l'un et l'autre cas un remarquable tableau. Côté nord il présente un très curieux ensemble de dômes, de pointes aiguës, de fenêtres à fleurons et de lignes droites ou courbes à crochets. Côté sud il apparaît dressé sur une éminence qui met en valeur ses trois étages et ses deux coupoles superposées. Son rez-de-chaussée est percé d'une ravissante porte du XVIe siècle au fronton de laquelle des moulures et une coquille en auvent abritent une délicieuse statue de la Vierge. La partie haute du clocher de Saint-Fort, proche parent de celui de Fléac, et construit probablement par le même atelier, constitue l'une des plus belles oeuvres de la Renaissance dans notre province. Une terrasse à balustrade flamboyante porte un premier dôme octogonal à écailles et aux arêtes garnies de crochets. Chacune des faces est percée d'une fenêtre à linteau très orné. Au-dessus s'élève une lanterne également octogonale dont les pans ajourés par de longues fenêtres en plein-cintre forment la base d'un nouveau dôme plus petit, mais toujours à huit sections couvertes d'écailles et de crochets. De légers arcs-boutants relient le grand dôme à de hautes aiguilles, d'une finesse et d'une légèreté qui frisent la hardiesse. Elles sont l'aboutissement terminal des quatre contreforts d'angles amincis d'étage en étage. Deux tours d'escaliers complètent cet ensemble. L'une au Nord desservait l'ancien clocher ; carrée à sa base et percée de fenêtres en meurtrière, elle devient octogonale pour s'achever en une haute flèche de pierre à crochets. Celle du Sud, construite avec le clocher actuel, carrée aussi tout d'abord, devient cylindrique ensuite pour être finalement coiffée d'une couverture en entonnoir renversé. Le chevet plat est fermé à l'orient par un mur droit surmonté de deux pignons percés l'un et l'autre d'une grande fenêtre flamboyante à trois et un meneaux. L'intérieur a subi des modifications profondes. Toute une construction gothique remplaçant les parties ruinées a été soudée à l'ancienne nef romane dont il subsiste quelques murs et des massifs de colonnes. Deux hautes travées couvertes de voûtes d'arêtes sont éclairées par de grandes fenêtres en plein-cintre aux angles ornés de longues colonnettes. Des groupes de trois fines colonnes séparent les travées et occupent les angles ; elles sont surmontées de chapiteaux allongés à volutes en coquilles émergeant de feuillages à peine indiqués. Trois travées prolongent la nef ; la première la plus grande est encore encadrée de gros massifs de neuf colonnes à chapiteaux nus ; les tailloirs seuls sont travaillés. Ils étaient reliés autrefois par des arcs portant une coupole sur pendentifs ; le clocher roman s'élevait au-dessus. Une voûte d'arêtes la recouvre aujourd'hui et s'étend jusque sur la travée du choeur. L'abside carrée est voûtée en ogive à huit branches. Ses nervures se perdent sur des colonnes sans chapiteaux. De larges baies dans les murs de droite réunissent ces trois dernières travées à trois autres semblables formant d'abord transept (sous le clocher) puis chapelle et abside latérale. Sous cette partie reconstruite il existe une crypte du XIIIe siècle très bien conservée, qui montre encore des traces de peintures murales. Elle est entourée d'une banquette. L'église de Saint-Fort a été inscrite aux Monuments Historiques le 13 Juin 1913. Le 5 Décembre 1908 avaient été classés au Mobilier Historique, en même temps que la cloche datée de 1773, deux tableaux de P. Vincent (XVIII e siècle), une Crucifixion et une Assomption. De nombreuses traces de balles sur les murs extérieurs attestent la violence des guerres religieuses dans cette région. Fin du texte de Charles CONNOUË____________________________ Les églises de la SAINTONGE (épuisé) ___________________________________Éditions DELAVAUD à Saintes avec leur aimable permission. |
Je rappelle que mes commentaires sont seulement l'aboutissement d'une recherche pour comprendre ces sculptures non conformes aux standards dit "catholiques" et que les spécialistes de l'art roman ont trouvé sans grand intérêt. "FAISONS PARLER LES SCULPTURES de Saint-Fort sur Gironde" Ces
modillons ne sont peut-être pas tous du XII e
Ce
n'est pas une bourse d'avare, ni un jambon, mais le trésor
spirituel qu'un
être maléfique A droite on reconnaît le thème de l'homme portant un poisson énorme (être un vrai chrétien?), à.gauche le modillon est très abîmé (probablement le même personnage très passif ou défequant). Dans la Gironde il y avait jadis des esturgeons mais ce poisson ici possède des écailles, alors une autre interprétation s'impose. On le retrouve sur un des quatre chapiteau rescapés à SAUJON:
LAGRAULIERE (19 Corrèze) et probablement encore ailleurs.
BALIZAC (33) A Saujon l'homme portant l'énorme poisson est associé à un autre homme portant une houe sur l'épaule; Mon interprétation sans prétention: Si
le
poisson est le symbole du chrétien selon la
tradition antique et aussi A PROPOS de "TOUS EGAUX" devant le roi Selon le poème d' ADALBERON de LAON ( 947-1030) au roi ROBERT. (vers 1030 environ_son
poème au roi de France est l'origine
probable de cette notion de trois classes qui perdura
jusqu'à la révolution_ " Pour que l'Église jouisse d'une tranquille paix, il est nécessaire que sa constitution soit en rapport avec les deux lois établies par la sagesse suprême, la loi divine et la loi humaine. La première n'admet aucune distinction de nature parmi ses ministres ; tous elle les rend de condition égale, quelque inégaux d'ailleurs que les aient faits le rang et la naissance; à ses yeux le fils de l'artisan n'est pas inférieur à l'héritier du monarque." Si l'on s'arrète là c'est une prémisse de la déclaration des droits de l'homme version XIe siècle ! Mais voilà ce qui arrive lorsque l'on sort une phrase de son contexte! oyez et lisez la suite : " Pour que l'Église
jouisse d'une
tranquille paix, il est nécessaire que sa constitution soit
en
rapport avec les deux lois établies par la sagesse
suprême, la loi divine et la loi humaine. La
première
n'admet aucune distinction de nature parmi ses ministres ; tous elle
les rend de condition égale, quelque inégaux
d'ailleurs
que les aient faits le rang et la naissance; à ses yeux le
fils
de l'artisan n'est pas inférieur à
l'héritier du
monarque. C'est dit et redit ! Si le roi se
pose des questions sur le sort de ses sujets les plus pauvres... "Fournir à tous l'or, la nourriture et le vêtement, est la condition du serf" (Encore d'actualité !!)
Et que dit maintenant la déclaration des droits de l'homme:
Art. 6. La Loi est l'expression de
la
volonté générale. Tous les Citoyens
ont droit de
concourir personnellement, ou par leurs Représentants,
à
sa formation. Elle doit être la même pour tous,
soit
qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les Citoyens
étant égaux à ses yeux sont
également
admissibles à toutes dignités, places et emplois
publics,
selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de
leurs vertus et de leurs talents. finalement la seule égalité vrai ! et tous égaux devant Dieu ou le Néant...lorsque l'on quitte ce monde mais en attendant ce jour : Fournir à tous l'or, la nourriture et le vêtement, est la condition du serf L'esprit du XIe est donc de pratiquer et parler d'égalité, non en possessions matérielles mais spirituelles et c'est bien de cela qu'il s'agit lorsque les sculpteurs montrent une bourse rev 2015/oct 2016 ajout du poème d'' ADALBERON pour préciser la notion d'égalité à l'époque !/2023 |
PLAN de l'église de St FORT sur Gironde et explicatif
Aux environs de Saint FORT sur
GIRONDE:
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