L'église romane de SAINT-PIERRE de L'ISLE Texte
intégral de Charles CONNOUË Commune du Canton de LOULAY (à 7 kms à l'Est de Loulay et à 13 kms de Saint-Jean-d'Angély) ![]() Saint-Perre-de-l'Ile, agréablement situé près de la Boutonne, le beau et renommé château de Mornay (XIIIe siècle). Son église, bien moins connue, vaut cependant d'être visitée et surtout détaillée. ![]() Son extérieur ne plaide guère en sa faveur, mais quoique très remaniée et reconstruite, elle a conservé un fort joli petit portail, une abside ancienne et à l'intérieur quelques détails absolument uniques qui font de cet édifice un des plus intéressant de la Basse-Saintonge. Construit au XIIme siècle (dédié à Saint Pîerre-es-Liens), il mériterait plus que beaucoup d'antres, les honneurs d'un classement, tout au moins partiel, aux Monuments Historiques, Ce n'est pas sa situation qui le signalera aux touristes. Cette église se cache timidement derrière des bâtiments de ferme. Pas davantage son clocher dont la banale tour carrée à toiture pyramidale d'ardoise s'élève à peine au-dessus de ceux-ci. Il a été, comme les murs de la nef et toute la partie supérieure de la façade, reconstruit économiquement, à une époque relativement récente. Mais un simple coup d'œil au portail suffit à retenir l'attention. Modeste d'aspect, puisqu'il ne comporte que deux voussures et un cordon d'accompagnement, portés par quatre colonnes à chapiteaux, ce portail demande cependant à être examiné avec soin. ![]() Les quatre chapiteaux bien décorés sont d'une grande finesse et leur facture rappelle celle de Nuaillé, localité voisine, mais les sujets sont moins terrifiants. ![]() Sur l'un se remarquent le Christ et les Saintes-Femmes, sur les autres des scènes bibliques, des personnages et des animaux. Les motifs des larges tailloirs se continuent sur un bandeau jusqu'aux colonnes d'angle qui limitent la façade d'origine parvenue jusqu'à nous. Ce bandeau est garni à gauche de têtes de chat (motif rare) entourées de délicats rubans et de feuillages et à droite d'un lacis, le tout très détaché de la pierre. ![]() La petite voussure est ornée des habituelles marguerites à huit branches, mais elles ont ici quelque chose de particulier : elles sont entièrement séparées du claveau qu'elles recouvrent et ne tiennent à la pierre que par leurs pointes du haut et du bas. Chaque fleur constitue donc un joli travail de sculpture, en même temps qu'un véritable tour de force. Le grand arceau, accompagné d'un cordon à pointes de diamant, est recouvert de quatre rangées de losanges gaufrés à fort relief. ![]() Les murs du chevet bien construits ont été rehaussés. Ils sont percés de cinq belles fenêtres romanes à colonnettes et chapiteaux. Les bandeaux et les cintres ont-reçu une garniture de sujets variés toujours bien exécutés. Des groupes de deux colonnes à petits chapiteaux de feuillage dressées sur une hante banquette circulaire servent de contreforts à l'abside. ![]() L'intérieur offre plus d'intérêt encore. Il s'y rencontre-un certain nombre de détails qui n'ont ni leurs pareils ni leurs équivalents en Saintonge. Les trois travées sont séparées par des groupes de deux très courtes, colonnes jumelées, haut perchées sur de larges consoles richement décorées de sujets d'une grande variété. Parmi les triangles, les trèfles et les marguerites on distingue, outra une tête humaine, bizarrement abritée dans un profond cloisonnement', une suite de scènes telles que deux Chevaliers se combattant bouclier au bras ; ![]() un autre en lutte avec un dragon, ailleurs un démon dévorant un humain, des feuilles d'essences diverses, etc...., le tout exécuté avec vigueur et netteté. Les chapiteaux des colonnettes sont tous ornés, quelques-uns de motifs singuliers et inexplicables, extrêmement curieux. La réunion dans cette nef de ces inhabituels petits chefs-d'œuvre, authentiquement romans, constitue un extraordinaire ensemble que beaucoup de grandes églises s'enorgueilliraient de posséder. ![]() La voûte de la nef est moderne, ainsi que les arcs qui la portent. Celle du choeur s'appuie sur la croisée de deux nervures ogivales qui vont se perdre sur des colonnes. Deux arcs à ressauts encadrent le choeur. Ils reposent sur des groupes de trois colonnes à chapiteaux garnis aussi de feuillages et d'arabesques adossés à des pilastres saillants. Vraisemblablement un clocher roman s'élevait jadis sur cette partie de l'édifice. Cinq fenêtres en plein cintre éclairent le chevet. Elles sont rehaussées d'un triple cordon de demi-besants opposés. De nombreuses dalles funéraires couvrent le sol. A l'entrée de la nef se dresse un curieux fût en pierre servant de support à une statue moderne. Sur ce fût très travaillé se distinguent une « Vierge à l'Enfant » avec de chaque côté et derrière des personnages debout. D'où provient ce beau vestige ? Peut-être mériterait-il une meilleure utilisation. A la limite des Communes de Saint-Pierre et de Nuaillé existe une grosse source, dite Fontaine-des-Veuves en souvenir d'un épisode meurtrier survenu au cours de la guerre de Cent ans. Elle fut longtemps un lieu de pèlerinage propitiatoire.
____________________Fin du texte de Charles CONNOUË Les
églises de SAINTONGE édition: R.DELAVAUD (Saintes) avec leur aimable permission._______________________________ ![]()
![]() ![]() La tour du château de Mornay... autres combats... |