Les
ÉGLISES de PONS (17)
PONS Chef-lieu de Canton (à 20 kilomètres au Sud de Saintes) Pons, est une petite ville riche en souvenirs historiques. Elle occupe le centre d'une région où abondent les beaux édifices religieux. Dans la ville même il faut citer : L'église SAINT-VIVIEN. L'église SAINT-MARTIN. L'église dite de l'HOPITAL NEUF. L'église SAINT-GILLES et la Chapelle du CHÂTEAU DU FA. La ville de Pons a une origine particulièrement ancienne. Assise sur un rocher dominant la Seugne elle commandait un des rares passages de cette vallée longtemps marécageuse. Camp préhistorique d'abord, puis poste Gaulois, elle devint le siège d'une viguerie qui conserva son titre jusqu'au XIIe siècle et fut le berceau d'une puissante châtellenie dont les possesseurs ont été les égaux des plus grands seigneurs terriens de France. Cette châtellenie devint « sirerie » au XIVe siècle. Les sires de Pons disposèrent au Moyen âge, de domaines considérables, non seulement en Saintonge, mais jusqu'à Bergerac, Murât, Fougères. Ils s'allièrent avec les plus illustres maisons du royaume. Faute d'héritier mâle, la sirerie disparut au XVIe siècle. Pons eut de puissantes fortifications qui enserraient le plateau dominé par le château et surtout par le donjon. Les édifices religieux y furent nombreux. Certains subsistent. Beaucoup ont disparu. ÉGLISE SAINT-MARTIN Saint-Martin est l'église de la ville haute de Pons, comme Saint-Vivien est l'église de la ville basse. C'est aujourd'hui un édifice moderne, de style grec, construit au milieu du siècle dernier sur des plans qui rappellent et même répètent ceux de Saint-Vivien de Saintes (avec moins d'élégance cependant). Il s'élève à quelques pas d'une des principales entrées de l'ancien château. Mais à cet emplacement existait autrefois une première église Saint-Martin qui fut longtemps le monument religieux le plus important de la région. Elle semble avoir été double c'est-à-dire composée d'une église haute et d'une basse. Cette dernière, où l'on descendait par dix-neuf marches, demi-souterraine, n'était éclairée que d'un seul côté « par des petites croisées en forme de soupiraux ». L'église supérieure fut à plusieurs reprises détruite et reconstruite. Il n'en subsistait, après les guerres du XVe siècle, que quelques vestiges où se remarquaient des arcatures romanes. Le tout fut complètement abattu en 1784. Le vocable suivit les constructions successives et resta finalement à l'édifice actuel. L'intérieur de celui-ci est riche. Trois nefs voûtées en berceau sont séparées par des piliers carrés à ornements rectilignes. A droite s'ouvre une grande chapelle. A gauche quatre marches conduisent à un palier qui accède à un portail latéral. Une vaste abside demi-circulaire en cul-de-four abrite un autel orné d'un baldaquin. Aux murs sont accrochés quelques bonnes toiles dont une « Assomption » de P. Vincent datée de 1786. Une statue de pierre représentant Saint-Roch (XVIIe siècle) a été inscrite au Mobilier Historique. Dans la sacristie est signalé un calice en vermeil de 1668. Chapelle Saint-Gilles de Pons Cette dernière, dont il ne subsiste que peu de chose, montre seulement quelques intéressantes voûtes rayonnantes portées par un pilier central. L'ensemble remonte au XVe siècle. ÉGLISE SAINT-GILLES (ou porte d'entrée de l'ancien Château) Photos de Guy LERDUNG L'église ou plus exactement la chapelle Saint-Gilles, puisqu'elle est plus communément désignée sous ce nom, est un édifice construit à un angle et sur le flanc de l'escarpement, truffé d'excavations, occupé en entier autrefois par le château des Sires de Pons. Il n'offre en tant qu'église rien de remarquable, mais il est à deux étages et sous l'église actuelle se développe un passage qui est orné à son entrée Est d'une magnifique ![]() porte romane classée Monument Historique le 4 Novembre 1879. Ce passage, qui traversait l'enceinte fortifiée du château, conduisait à l'ancienne église paroissiale de Saint-Sauveur détruite au XVIe siècle. Les fortifications du château de Pons subirent au cours de leur histoire bien des assauts et bien des modifications. Rasées en 1178 par Richard d'Angleterre, en même temps que celles de Taillebourg, elles furent relevées aussitôt. Mais cette reconstruction dura plusieurs années et une chapelle, qui demeura longtemps celle du château, fut construite au-dessus de la porte Saint-Gilles. Plusieurs fois, par la suite détruite et reconstruite, elle eut le bonheur de conserver presqu'intacte son sous-sol. ![]() Celui-ci est traversé par un passage où subsiste une porte romane qui est un des plus beaux morceaux d'architecture de la région de Pons. Trois voussures an plein-cintre avec filet de couronnement reposent sur les chapiteaux de quatre colonnes placées en embrasement de chaque côté. Ces cintres sont ornés de claveaux arrondis, de bâtonnets en croix et de feuilles stylisées, tous motifs simples mais parfaitement traités, qui composent une décoration très particulière, nette, vigoureuse et vraiment artistique. C'est du roman de la bonne époque. ![]() Les chapiteaux des pieds-droits, eux aussi d'une exécution excellente, sont ornés de feuillages, d'oiseaux, de griffons. Il y a lieu de remarquer a droite le personnage assis qui, les mains derrière les oreilles, semble vouloir surprendre les propos tenus devant lui. Cette porte fit école ; on retrouve ses motifs dans plusieurs édifices religieux de la Saintonge. Il est permis de supposer que les maîtres-ouvriers appelés à Pons à l'occasion du relèvement des fortifications en 1179, séjournèrent ensuite dans le pays à moins qu'il n'ait été simplement fait appel à de la main-d'œuvre locale ou régionale, celle de Saintes par exemple, qui travailla par la suite à la reconstruction et à l'embellissement de certaines églises des environs. Quoiqu'incluse dans les remparts, la porte Saint-Gilles qui est si heureusement parvenue jusqu'à nous, ne faisait pas partie de la défense extérieure du château. Elle a peu souffert, de ce fait, des violences de la guerre. La véritable porte fortifiée était située, d'après Masse, quelques mètres en avant et possédait herse, pont-levis, etc. Dans le passage et derrière la porte actuelle il existe d'autres arceaux placés les uns derrière les autres à 1 mètre environ d'intervalle. Celui du milieu renferme dans sa voûte des débris sculptés provenant de l'édifice antérieur. Entre le deuxième et le troisième sont restées longtemps encastrées dans la muraille, deux bornes milliaires romaines, une de chaque côté. Elles sont aujourd.hui au musée de la ville. ÉGLISE SAINT-VIVIEN ![]() L'église Saint-Vivien bâtie dans un faubourg de la ville basse de Pons, était à l'origine une simple dépendance de l'église Saint-Martin qui s'élevait sur le plateau à l'intérieur des murs de l'ancienne cité. D'abord chapelle, elle devint église après la construction de l'édifice dont il nous reste la façade. Cette construction eut lieu, d'après certains, entre les dates extrêmes de 1075 et 1133, mais elle pourrait avec autant et même plus de vraisemblance être attribuée a la deuxième moitié du XIIe siècle, vu son genre de décoration. Saint-Vivien était alors une possession des moines de St-Florent près Saumur et les évêques de Saintes protestèrent contre ce qu'ils appelaient une « intrusion ». Mais il faut croire que les droits des moines étaient inattaquables, car les évêques semblent n'avoir jamais obtenu gain de cause. La façade de Saint-Vivien n'est pas sans intérêt, elle est d'ailleurs classée Monument Historique depuis !e 23 Février 1912. A plusieurs reprises elle a subi d'importantes mutilations. Les dernières semblent remonter à la Révolution, époque où toutes les sculptures furent très consciencieusement martelées et détruites. L'ornementation, à base de motifs géométriques et végétaux, a presque complètement disparu ainsi que les filets de couronnement et les sujets des chapiteaux où se distinguent cependant encore quelques crochets. Un portail en plein-cintre, vaste et profond, appuie ses cinq voussures sur des pieds-droits aujourd'hui démunis de leurs colonnes. Il est flanqué de deux baies aveugles aux arcs légèrement brisés. Devant ces baies se dressaient autrefois deux statues dont l'une, dit la chronique, représentait la Vierge, l'autre, celle de gauche. Saint Vivien. Au premier étage une galerie en plein-cintre déroule ses six arcades. La baie centrale a été remplacée au XVIe siècle par une haute fenêtre flamboyante à un meneau ; assemblage malheureux sans doute, mais qui ne choque guère que les archéologues... La façade est terminée par un pignon dont chaque rampant est chargé d'un campanile. ![]() À l'intérieur, l'édifice n'a rien conservé de son ancienne disposition. Il a été reconstruit aux XVIIIe et XIXe siècles. Trois nefs existent aujourd'hui là où primitivement il n'y en avait qu'une ; les deux latérales ont été ajoutées il y a deux cents ans environ. Toutes les trois sont simplement plafonnées et terminées par des absides modernes, même celle du centre qui est demi-circulaire. La nef principale, séparée du sanctuaire par un arc en plein-cintre, porte la date de 1777. ____________________Fin du texte de Charles CONNOUË Les
églises de SAINTONGE édition: R.DELAVAUD (Saintes) avec leur aimable permission._______________________________ A.D. oct 2023 |