L' Église de FONTAINE D'OZILLAC (17)
en SAINTONGE


Texte intégral de Charles CONNOUË
Photos de Alain DELIQUET


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Commune du Canton de JONZAC  à 8 kms au Sud-Est de Jonzac

 

Autour d'une petite église de la fin du XIIe siècle, a été disposée, au XVIe siècle, une construction plus grande et la curieuse façade (classée Monument Historique en 1911) qui a résulté de cet amalgame, 
présente aujourd'hui, sous un unique et large pignon, une belle composition de roman fleuri très fouillé et à gauche, 
étroitement accolé à celle-ci, un élégant ensemble Renaissance. 

Sur le côté Nord, un très simple clocher, contemporain peut-être par sa base, de l'église d'origine, mais reconstruit au siècle dernier dans ses parties hautes, équilibre l'ensemble. Un vieux cimetière en-ceint le tout.

La partie romane est spécialement remarquable. 

FONTAINE D'OZILLAC

Un portail en plein cintre à trois voussures et deux baies aveugles à une seule, meublent le rez-de-chaussée. 

Au-dessus, sans séparation, 


court une galerie de cinq arcs appuyés sur des colonnettes doubles. 
Chapiteaux volumineux, cordons, bandeaux très travaillés et à fort relief, indiquent un roman de fin d'époque.

Sur la grande voussure se développe une représentation, à 6 « chevaliers », 


du combat des Vertus et des Vices (Fontaine d' Ozillac) est une des églises de Saintonge décorées de cette allégorie (voir Aulnay, Livre I). Sur l'arc intermédiaire, des oiseaux, des monstres et des êtres humains, sont emmêlés dans des arabesques végétales, comme à la fenêtre axiale d'Aulnay et traités de même en méplat. 


Sur la petite voussure des anges adorent l'Agneau Pascal. 


Les sculptures des chapiteaux, tailloirs compris, (motif de Saint-Eutrope et similaires) 


se prolongent sur les tympans des fausses portes et forment un large bandeau.


Les cinq baies de l'étage, (celle du centre percée) sont ornées d'un épais cordon et de gros chapiteaux richement sculptés. Cette superbe page d'art roman est limitée par une corniche à chanfrein travaillé et à beaux modillons historiés. 

Ceux-ci représenteraient divers péchés capitaux et autres. 
C'est possible et même probable pour quelques-uns. 

C'est certain pour au moins un : celui placé au milieu de la corniche et juste au-dessus de la porte d'entrée. Il ne peut laisser aucun doute sur l'occupation... peccable des deux personnages représentés, car, même s'ils sont en règle avec le IXe commandement, ils ne le sont certes pas avec les prescriptions d'une morale, non puérile, mais honnête (1).

Dans la partie Renaissance de droite, l'artiste a disposé au-dessus d'une porte basse et autour d'une grande coquille Saint-Jacques, un très beau couronnement à volutes, guirlandes et fleurons traversé horizontalement par un large bandeau sur lequel se lit en grandes lettres d'époque, (les caractères celtiques d'.A.) : « FAICT L'AN MIL/V/XLIII, ce portail d'église » 
( le caractère placé devant le dernier L a la forme d'un Y renversé). 

A côté un contrefort d'angle montre une autre coquille dans un fronton.
Le mur Nord, maintes fois modifié, a cependant conservé vers son milieu un grand arc brisé et un second un peu plus vers l'Est. D'anciens bâtiments, bénédictins dit-on, ont existé là. 

Des restes de cintres et d'ouvertures romanes y voisinent avec des fenêtres ogivales. Le mur oriental du chevet, en grande partie reconstruit, montre encore deux arcs en plein cintre avec colonnettes baguées, cordons à têtes de clou et restes d'une arcature semblable à celle qui ornait autrefois le côté Nord de ce même chevet. Quoique roman, celui-ci semble donc avoir été rectangulaire dès son origine. 

A gauche s'ouvre une grande fenêtre dont l'arc central est polylobé. Cette disposition rare en Saintonge, rappelle celle du chevet de Petit-Niort (voir ce nom) ainsi que celle de Léoville (voir ce nom).
Le mur Sud étayé par de nombreux contreforts dont l'un, le premier à l'Ouest est orné d'un écusson porté par deux anges, est percé de grandes fenêtres en tiers-point.

Le clocher carré, sans style, couvert d'une pyramide d'ardoise, a conservé quelques ouvertures en meurtrière. Trois de ses fenêtres cintrées abritent chacune une cloche.
L'intérieur, rhabillé il y a deux siècles, comprend deux nefs séparées par des piliers carrés. Celle de gauche, l'ancienne, qui compte cinq travées, a son chevet voûté en ogive sur des nervures multiples qui se perdent sur des colonnes après avoir dessiné des losanges ornés de clés pendantes.
Dans ces losanges des lettres formant une inscription difficile à lire, véritable rébus à grille, indiquent que cet ouvrage a été fait en 1538. Cette inscription a de l'analogie avec celle de Sainte-Lheurine et rappelle certaines décorations intérieures d'Arthenac (voir ces noms).
Malgré son dénominatif reposant sur l'idée de « fontaine » cette commune qui s'appelait autrefois Saint-Martin-de-Fontaine, n'a pas de fontaines, mais des puits. L'un peu profond, tout près de l'église, l'était peut-être moins encore jadis et fut sans doute la fontaine qui donna son nom à la paroisse.
L'église de Fontaine-d'Ozillac a, pour patron, saint Martin.

A l'Ouest du bourg, il existe une petite chapelle, dite Notre-Dame-de-la Pitié, qui a été longtemps l'objet d'une vénération particulière. On y venait de fort loin pour faire toucher l'autel à certains malades ou à des objets leur appartenant.

***

(1) Ce genre de motifs très spéciaux qui « ornent » assez fréquemment nos anciens édifices religieux ne choquaient personne au Moyen Age. Les temps ont changé depuis et il est amusant de noter, à ce sujet, une réflexion d'un archéologue éminent d'une province voisine qui disait, au siècle dernier, à propos de ces singulières illustrations : « Je n'oserais pas les montrer à un capitaine de cuirassiers. »

____________________Fin du texte de Charles CONNOUË 

Les églises de SAINTONGE
livre 5 épuisé

édition: R.DELAVAUD (Saintes)

avec leur aimable permission._______________________________








   
    "Faisons parler les chapiteaux de Fontaine d ' Ozillac "


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Le thème des vices et des vertus est endémique en Saintonge et se retrouve à
AULNAY de SAINTONGE, PERIGNAC, CHADENAC, PARTHENAY, CORME-ROYAL, ÉCHILLAIS, FENIOUX, VARAISE, PONT L'ABBÉ...
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Le léonin c'est la force virile et vitale qu'il faut transformer en force spirituelle

FONTAINE D'OZILLAC

En écoutant les paroles célestes des oiseaux (à gauche)
 Le parcours du quadrupède pour progresser spirituement (les branches en rinceaux) (au centre)
Le chapiteau de droite n'est pas assez net, représente soit l'écoute soit le refus d'écouter les volatiles (à droite)

BELLE SAINTONGE

Le chapiteau précédent  pas assez net à gauche
Un quadrupède entrain de recevoir la nourriture spirituelle par un volatil (habitant du ciel)
(remarquez sa queue divisée: une feuille vers le ciel
une feuille vers la terre)
Cet un personnage partagé entre biens terrestres et trésor spirituel à conquérir pour aller au ciel
Sur le chapiteau de droite on peut remarquez les progrès par la taille des feuilles.
BELLE SAINTONGE


A gauche (chapiteau refait à neuf) la force virile à l'écoute des forces spirituelles
Au centre le Malin en nous qui sommeille, même après un progrès, pour intervenir à la moindre défaillance
A droite on devine qu'il fait la gueule lorsqu'un volatil ( perché sur un quadrupède en signe de maîtrise sur celui-ci)
lui donne la becquée
(Le félin, le Malin, les oiseaux sont les forces qui nous animent intérieurement, le reflet de l'âme !)



Voilà les chapiteaux ont  parlé ...

voir le Glossaire
http://chapiteaux.free.fr/symboles.htm


Autre descriptif sur place:


BELLE SAINTONGE





Belle Saintonge

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