L'église
romane de BARBEZIEUX (16)
Barbezieux, est une ancienne seigneurie, autrefois place forte, longtemps dénommée « Barbezieux-en-Saintonge ». Son important château féodal prit une large part aux luttes du Moyen Age. Assiégé, puis démoli par les Anglais au début du XVe siècle, il fut reconstruit par la famille des la Rochefoucault. Bien conservé et utilisé par la suite à différents usages, il constitue une belle et intéressante curiosité locale et régionale. Presque tout l'arrondissement de Barbezieux faisait jadis partie de l'ancien diocèse de Saintes qui, s'étendait ainsi, dans cette direction jusqu'à la rivière la Tude affluent de la Dronne. La commune a été formée en 1790 par la réunion de deux anciennes paroisses intramuros, Saint-Ymas, et Saint-Mathias et de trois extramuros, Auvignac, Saint-Seurin, et Xandeville. Xandeville avait une église qui dépendait de Saint-Vivien de Saintes et qui disparut définitivement en 1830. Saint-Seurin était la paroisse la plus ancienne. Les restes des bâtiments de l'église servent aujourd'hui d'habitation. Ils étaient construits près d'un souterrain. L'église Saint-Jean, d'Auvignac n'existe plus. Celle de Saint-Ymas fut ruinée par les huguenots, bien que protégée par les fortifications du château. Elle communiquait avec celui-ci par des souterrains, très nombreux dans cette partie de la ville. L'église Saint-Mathias, est un important édifice dont le plan et l'aspect ont été maintes fois modifiés au cours des années. Sa souche est ancienne, mais ses superstructures actuelles accusent surtout les XIIIe et XIVe siècles. Le clocher a subi de grandes transformations et de nombreux travaux effectués au siècle dernier, ainsi qu'au précédent, ont réparé, dans la mesure du possible, les « immenses dégâts » faits par les protestants en 1669. Cet édifice, serait d'après un archéologue du lieu, plus intéressant par ce qu'il cache encore, que par ce qu'il montre : certains détails de son architecture, notamment dans son voûtement, révèlent des rapports étroits rattachant ses origines à la Collégiale Saint-Seurin de Bordeaux. Le portail rappelle vaguement et en plus simple celui de Saint-Pierre de Saintes. Son cintre brisé est à trois voussures, ornées de statues de saints (en mauvais état) posées sur des socles et accompagnées de dais, de tores et d'un cordon travaillé. Dans quelques sculptures on croit reconnaître les restes d'un zodiaque. On y verrait un homme abattant des glands pour un porc qui est devant lui, un vendangeur fouhnt des raisins dans une cuve, un autre homme à cheval, etc. Cette porte, surmontée d'un portique grec moderne, est encadrée au Nord par le clocher et au Sud par un rontrefort à ressauts. Le clocher dresse sur un rez-de-chaussée et un étage nus, une tout carrée percée d'une fenêtre cintrée à gros tores ouverte entre deux niches à pinacles abritant deux grandes statues difficiles, l'unie et l'autre à identifier, car elles manquent d'attributs. Les niches s'appuient sur une corniche posée sur des consoles à têtes humaines qui datent cette construction (XIIIe siècle). Il se termine par un étage plus récent ajouré sur chaque côté de deux fenêtres sans style. Autrefois le clocher se raccordait avec la partie supérieure de la façade. De gros contreforts étayent le mur latéral Sud, dans lequel s'ouvrent une entrée secondaire et de grandes fenêtres en plein cintre ornées de colon-nettes à chapiteaux. L'un de ceux-ci répète un motif rare à l'Est de la Saintonge, mais fréquent à l'Ouest : démon avalant une colonne. L'élévation Nord, à peu près identique est cependant moins chargée en contreforts. L'abside circulaire moderne, s'orne de grandes fenêtres ouvertes entre des colonnes adossées à des pilastres réunis par des arcades à deux cintres. L'intérieur vaste et élevé, où l'on descend par sept marches, comprend trois nefs à cinq travées, ou plus exactement une nef flanquée de deux étroits collatéraux. La nef centrale, sous voûtes d'arêtes est séparée des latérales par des piliers de formes variées. Les premiers vers la porte d'entrée formés d'un faisceau de huit colonnes ont des chapiteaux anciens ; quelques autres colonnes adossées aux murs son également anciennes, mais leurs chapiteaux sont en général martelés. Leurs bases ont été enterrées à la suite de divers exhaussements du sol. L'abside voûtée en cul-de-four, précédée d'un bel arc triomphal orné de chapiteaux, est entourée de sept grands cintres à double rouleau, encadrant cinq fenêtres séparées par des groupes de trois colonnes. Autrefois l'église s'étendait plus à l'Est. La cloche datée de 1504, est une des plus belles du diocèse. Deux tableaux sont à remarquer (œuvres du XVIIIe siècle). Les catholiques de Barbezieux prétendirent longtemps au Moyen Age posséder dans leur église le chef de saint Mathieu. D'après une légende un pèlerin revenant de Terre-Sainte, par l'Italie et possesseur de cette relique, aurait été miraculeusement contraint de s'arrêter à Barbezieux et d'y déposer son trésor, que les huguenots, brûlèrent en 1502 (Massiou). Barbezieux possédait encore au siècle dernier une église dite « des Cordélier s » du nom d'un ancien couvent. Cette église dédiée à saint François et à sainte Catherine datait du XIIIe siècle. Sa façade, simple mur plat terminé par un pignon obtus était percé uniquement d'une porte de style ogival dont l'arc, très brisé, comptait plusieurs voussures moulurées. Des peintures murales ornaient l'intérieur de cet édifice qui a été démoli en 1885. Il existe encore à Barbezieux des vestiges d'une autre église, souterraine celle-ci, ou plus exactement enterrée, puisqu'elle a été comblée jusqu'au sommet des colonnes des jambages. Seules émergent les voûtes de pierre de deux travées délimitant un espace qui sert aujourd'hui de cave. Des souterrains sont signalés tout autour. Enfin on peut voir à l'hôpital, subsistant d'une ancienne chapelle du XVe siècle, une fenêtre tréflée et quelques restes de chapiteaux. ____________________Fin du texte de Charles CONNOUË Les
églises de SAINTONGE édition: R.DELAVAUD (Saintes) avec leur aimable permission._______________________________ |