Lo jai.
Una nhòrla du bas-pays du Limousin
par l'abbé Gorse _1896_
Dit par Bernadeta Plas de Chaumeil.




Un 
còp, lo jai volia se battre.
S'anet botar a l'espera sur lo bròa del chamin.
Passat lo reidebelet :
_ Que fas ati, jai, ço ditz lo reidebelet ?
_ Vòlè me battre, ço ditz lo jai, n'en vòles coma ièu ?
_ Vòle ben, çò ditz l'autre.



E còssen de se battre.
Lo jai ganhava e lo reidebelet :
_ A la ièu ! mon det !
A la ièu ! mon det !
N'en voguet pus.



Passa la triá :
_ Que fas ati, jai, ço ditz
_ Vòle me battre, çò ditz lo jai, n'en vòles coma ièu ?
_ Vòle ben, çò ditz la triá
E còssen de se battre
_ La triá ne ganhava pas.
_ A ! çò ditz la triá.
A la ièu, mos piaus !
Nen voguet pus.



Passa lo merle :
_ Que fas ati, jai, ço ditz lo merle ?
_ Vòle me battre, çò ditz lo jai, n'en vòles coma ièu ?
_ Vòle ben, çò ditz lo merle
E lo jai vòla dessus
Lo merle ne ganhava pas, e tanleu de credar :
_ A !
ço ditz lo merle :
ièu me vau perdre !
ièu me vau perdre !
Nen voguet pus.



Passa lo flauquet :
_ Que fas ati, jai, ço ditz lo flauquet ?
_ Vòle me battre, çò ditz lo jai, n'en vòles coma ièu ?
_ Vòle ben, çò ditz lo flauquet
E , en mesma temps, dona dessus
e l'eplumasset redde, redde !


_ A !
ço ditz lojai :
a la ièu ! a la ièu !
mon biais, mon biais!
e fotet lo camp, tot desmangiat !
tot defauquassat !

Morala :
N'i a pas diable que ne trobe pas pus diable.





Un jour, le geai voulait se battre
Il s'en alla se poser et attendre au bord du chemin.
Passe le roitelet :
_ Que fais-tu ici, dit le roitelet ?
_ Je veux me battre, dit le geai, tu veux aussi ?
_ Je veux bien, dit l'autre.


Et vite ils commencent à se battre
Je geai gagnait et le roitelet :
Pauvre de moi ! mon doigt !
Pauvre de moi ! mon doigt !
Je ne veux plus.


Passe la grive
_ Que fais-tu ici, geai, dit le roitelet ?
_ Je veux me battre, dit le geai, tu veux aussi ?
_ Je veux bien, dit la grive.
Et vite ils commencent à se battre
La grive ne gagnait pas :
_ Ah ! dit la grive :
Pauvre de moi ! mes plumes !
Pauvre de moi ! mes plumes !
Je ne veux plus.

Passe le merle
_ Que fais-tu ici, geai, dit le merle ?
_ Je veux me battre, tu veux aussi ?
_ Je veux bien, dit le merle.
Et le geai lui vole dessus.
Le merle ne gagnait pas :
et aussitôt se mit à crier :
_ Ah ! dit le merle :
Je vais perdre !
Je vais perdre !  
Je ne veux plus.

Passe le faucon.
_ Que fais-tu ici, geai, dis le faucon ?
_ Je veux me battre, dit le geai, tu veux aussi ?
_ Je veux bien, dit le faucon.
Et, en même temps, fonce sur lui,
Et le plume, vite, vite !

_ Ah ! dit le geai :
Pauvre de moi ! Pauvre de moi !
ma chance ! ma chance !
Et il se sauva, démantibulé,
tout fracassé !

Morale :
Il n'y a pas diable qui ne trouve plus diable que lui.





Source:
"Au bas pays de lemosin" de l'abbé Gorse _ 1896 _
Texte dit par Bernadeta PLAS

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