d'après
Charles CONNOUË (livre 1 épuisé)
édition:
R.DELAVAUD (Saintes)
L'
église de PERIGNAC

Commune du Canton de PONS (à 8 kilomètres au Nord-Est de Pons et à 26 kilomètres de Saintes)
L'église de Pérignac,
dédiée à Saint Pierre, est un fort bel
édifice qui date du XIIe siècle (de 1175 précise
Ch. Dangibaud).
D'importantes parties, le chevet notamment, ont été reconstruites ou terminées au XIIIe.
C'est un des meilleurs ouvrages de la période de transition que possède la Saintonge.
Justement célèbre, cette église occupe un bon rang
dans la série de nos beaux monuments régionaux, mais elle
s'écarte du type habituel Saintongeais. Elle est de la famille
assez rare des façades carrées et rappelle par son
ordonnance et son style Notre-Dame de Poitiers.
Au-dessus du portail refait au XVe siècle se développent
deux magnifiques arcatures qui occupent toute la largeur utilisable.
Situées immédiatement l'une au-dessus de l'autre, elles
ne sont séparées que par une mince corniche à
modillons et constituent l'essentiel de l'harmonieuse décoration
de cette façade.
La galerie
inférieure est une suite régulière de treize
compartiments en forme de niches. Les cintres légèrement
brisés, sauf celui du milieu un peu plus large, s'appuient sur
de fines colonnettes à chapiteaux séparées par un
étroit pilastre.
Ces treize niches abritent
— chose à peu près unique dans l'Ouest — les
statues en pied du Christ et des douze Apôtres.
Toutes ont
été décapitées en 1848. Cet excellent
ouvrage de sculpture a été attribué à un
atelier Languedocien de passage dans la région vers 1150. La
plupart de ces statues sont debout, quelques-unes sont assises et la
première à gauche avec ses jambes croisées semble
exécuter un curieux pas de danse.
Les cintres de ces niches semblent avoir été,
après coup, découpées en larges dents-de-scie pour
en faire des arcs polylobés.
L'arcafure
supérieure a son centre occupé par une grande
fenêtre romane dont le cintre, qui dépasse largement les
autres, est garni de têtes de chevaux d'une bonne
exécution , curieux motif qui ne se retrouve qu'à
Saint-Quantin-de-Rançannes, où il est autrement
disposé et à Saint-Fort-sur-Gironde. Cet arc remarquable
est complété par un large cordon orné des six
Vierges sages et des six Vierges folles. (Non elles seraient nues!)

De chaque côté de cette fenêtre
se développe une galerie à quatre compartiments
renfermant une série de grandes statues représentant
d'après les uns des Saints et des Saintes, d'après les
autres les Vertus écrasant les Vices. (Ici c'est une vertue piétinant un vice)
Ces statues curieusement disposées dans leurs
niches en plein-cintre sont remplacées dans l'arcature de droite
par des blocs de pierre, preuve que, dans nombre de cas au moins, les
statues étaient exécutées sur place. Celles-ci,
par suite d'événements imprévus et graves, n'ont
pas été terminées.

Le haut du mur plat de la façade, est orné dans son
milieu d'une Vierge dans une gloire en amande soutenue par deux anges,
le tout en demi-relief.

Un portail plus petit, aujourd'hui muré, existe sur le
côté méridional de la nef. Trois voussures en
plein-cintre à claveaux nus encadrent un arc polylobé.
Les chapiteaux à crochets qui couronnent les colonnettes des
pieds-droits forment un élégant bandeau décoratif.
Le chevet carré de
l'église de Pérignac offre, comme la façade un
aspect très particulier. Couronné de deux pignons
triangulaires (trois autrefois), il est percé de trois forts
beaux oculus en entonnoir surmontant cinq longues fenêtres
romanes, groupées 1, 3, et 1, séparées par des
contreforts à profils inhabituels.
Le clocher dénué d'intérêt, ajouté
ultérieurement, est une très simple et petite
construction sans rapport avec le reste do l'édifice.

L'intérieur de ce monument est digne de l'extérieur.
Sans doute y retrouve-t-on le même amalgame de deux
époques puisque toute la partie antérieure jusqu'au
chœur est de la fin du Xll° siècle, tandis que la
partie orientale est du XIIIe, mais le même caractère
d'ampleur et d'élévation s'y manifeste, accusé
encore par les sept marches qui sitôt la porte d'entrée
descendent dans la nef.
Celle-ci ne comporte que deux travées, mais de vastes dimensions
et le vaisseau qu'elles créent haut et très
dégagé est d'un fort bel aspect. Des massifs de trois
colonnes élancées se terminant par d'intéressant
chapiteaux séparent les travées. L'ornementation des
tailloirs est continué sur un cordon qui fait le tour de la nef
et contourne les cintres des quatre fenêtres. Ces fenêtres
sont, ou ont été, ornées de colonnettes d'angles
dont les chapiteaux accusent pour la plupart le XIIIè
siècle.
La nef voûtée en ogive est
séparée du sanctuaire par un grand arc
brisé reposant
sur deux massifs qui saillent légèrement à l'intérieur de l'édifice.
Les colonnes de ces massifs sont ornées de beaux chapiteaux romans.
Le sanctuaire comprend trois doubles travées accolées,
toutes voûtées en ogive à huit voûtins sans
clé. Les nervures sont reçues par des colonnes d'angles,
des groupes de colonnes adossées et deux forts piliers
cylindriques qui se dressent de chaque côté de l'abside
centrale.
Le mur plat du chevet, devant lequel sont disposés trois autels
placés côte-à-côte, est percé de
fenêtres à lancettes cantonnées de fines
cojonnettes dont les chapiteaux sont ornés de crochets. D'autres
fenêtres semblables et gothiques s'ouvrent dans les murs
latéraux.
Toutes sont garnies de vitraux anciens à motifs géométriques richement colorés.
Les voûtes du chœur ont été refaites au XIXe siècle.
Dans le haut des murs de la seconde travée de la nef, se
remarquent deux ouvertures en demi-lune, aujourd'hui murées.
C'étaient probablement d'anciennes fenêtres qui
permettaient à des religieux habitant des bâtiments
contigus à l'église d'assister aux offices.(Ceci est contesté)
Les détails intéressants abondent dans cet
édiifice (par exemple un chapiteau orné de
chauves-souris, (Ceci est contesté) qui mérite un long et minutieux examen.
L'église de Pérignac, classée Monument Historique
le 21 Janvier 1907, a été fortifiée au XVIe
siècle. Des meurtrières sont percées dans le haut
du mur et des contreforts de façade, ainsi que dans les murs
latéraux. Le chevet est garni de nombreuses ouvertures non
maçonnées. Ces travaux et les murs criblés de
projectiles attestent la violence des attaques subies et l'acharnement
des combats soutenus.
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Fin du texte de Charles
CONNOUË
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