 |
D’abord retrempons nous dans le milieu
oléronais du début du siècle XXe dont les photographies remémorent plus
que de longs discours la réalité de l’époque assez éloignée
des fastueux costumes de cérémonie ou bien des ravissants
costumes de jour qui ne sont ni rapiécés ni usés et que les
groupes folkloriques portent avec fierté ! |
Les
oléronais étaient jadis mi-paysans, mi-marins
et vivaient dans de petits bourgs aux maisons basses et ruelles
étroites qui les protègent des vents. Les maisons sont
regroupées autour du puits souvent mitoyen et donnant sur la rue
La propriété est morcelée souvent en longues
parcelles correspondant à des rangs de vignes partagés lors d’une
succession.
|
 |
.
 |
L’oléronais possède toujours une vigne pour faire
son vin, un petit bois pour avoir des bûches et alimenter l’âtre pour
cuisiner et accessoirement se chauffer. Il possède quelques animaux
dont une vache qui fournira le lait, un bœuf ou deux s’il a
des champs sinon un jardin un chien et quelques poules et surtout
quelques 'gorets' pour les salaisons. |
 |
Il pèche pour obtenir un complément de nourriture
et sa femme pratique
souvent la pêche à pied avec les voisines notamment aux
« malines ». |
 |
Les anciens et surtout les femmes
roulent en tricycle celui-ci étant plus stable et plus confortable
qu’une bicyclette et surtout très pratique pour le transport. |
 |
Des diligences assurent un
minimum de liaisons entre les villages de l’île qui reste isolée du
continent. 
Une voie de chemin de fer sera
construite dès la fin du XIX ième siècle allant d’une extrémité à
l’autre.
La moitié nord-ouest de l’île est un plateau
crayeux alors l’oléronais sera plutôt paysan et sa culture
favorite sera la vigne avec un complément de céréales. Le
phylloxera dans les années 1830 le ruinera. La côte rocheuse favorise
les pêcheries et quelques-uns sont des marins-pêcheurs
 |
Au sud-est les terres basses ont été aménagées en
marais-salant depuis le moyen-âge mais la rentabilité s’est effondrée
avec les transports ferroviaires favorisant les exploitations des mines
et les salines du midi.
L’oléronais qui n’est généralement pas le
propriétaire de la saline en profite pour la racheter et se tourne
alors vers la culture des huîtres qu’il affinera dans ces marais. Ce
sont les femmes qui partent dans les villes assurer la vente. Le paysan
oléronais est plutôt paysan de la mer.
|
Pour les vêtements, seuls la
laine et le lin sont d’origine oléronaise
les autres tissus sont
importés par les colporteurs dans l’île.
Le coton en 1830 est un luxe
qui se popularisera progressivement.
Sur la deuxième
moitié du XIX e siècle la vie sera dure
car la vigne et le
sel ne sont plus des sources suffisantes de revenus.
|
 |
Des
figurants en Septembre 2006
Le
vêtement de l’époque 1830 à 1914
 |
Le groupe folklorique
Oléronais sous la houlette d’André Botineau a fondé le musée
de la coiffe de l’île d’Oléron, enrichi par de nombreux dons en
particulier les coiffes offertes par Francis Millerand.
La plupart des indications
ci-dessous ainsi que les photos en noir et blanc proviennent
des recherchent de Mr Botineau tandis que les photos sur mannequins ont
été prises au musée
Qu’ils soient chaleureusement
remerciés.
|
La
mode n’est pas au teint bronzé mais laiteux, pas de chance
pour les femmes : l’île est très
ensoleillée. La femme doit donc se protéger des rayons du
soleil et ne pas risquer de faire bronzer le peu
qu’elle ne peut cacher puisque l’époque est prude et que l’on cache
même ses mollets ! . Pour cela elle se coiffe d’un
« quichnot » et protège ses mollets avec des
« guetras » ou « yetras »
Les
mêmes vêtements sont portés durant plusieurs générations et les restes
des guenilles seront encore utilisés pour tisser des lirettes
après avoir été coupés en lanières. C'est une forme de
recyclage. Le tissage repose sur le principe que la trame est remplacée
par de fines bandes de tissus préalablement découpées, cousues entre
elles et dont les couleurs s'harmonisent. Celles ci sont tramées sur
une chaîne de lin, qui donneront au final: une descentes de lit, un
recouvrement de chaise ou une serpière.
Quelques propos recueillis auprès de
Madame Chailloleau bonnetière à DOLUS en 1968 alors âgée de 85 ans.
Pour
les fillettes de 10 ans:
Elles
portent des petits bonnets ronds en piqué de coton, avec une oreille,
jusqu'à l'age de petite fille.
Le
bonnet "fanchon" avait 3 ou 4 rangs de ruches (dentelles tuyautées)
retenu sous les cheveux avec un tulle élastique, sous "bonnet fanchon".
Tous
les bonnets étaient montés sur tulle blanc.
Pour
tous les jours les vêtements sont de cotonnade à petits carreaux ou
fleurs. Pour le dimanche un petit casaquin ajouré au col "Mao", une
chemise longue, de couleur unie.
A
partir de 12,13 ou 14 ans et jusqu'à la cinquantaine
La
coiffette se porte sur un petit chignon au contraire du bonnet ruché,
un velours sur la tête permet de bien faire tenir la coiffe et mettre
des épingles, une résille maintient la chevelure. La coiffette est plus
ancienne que le bonnet ruché.
Les
jupes sont rayées verticalement
Le
casaquin avec manches ne couvre jamais les mains
A
partir de la cinquantaine la robe de mariée est teinte lorsqu'on peut
encore la porter. Lorsque l'on est en deuil le quichnot devient noir et
les ruches des bonnets sont remplacées par des ruches de mousseline.
|
|
Les
chaussures sont pratiquement inexistantes car réservées pour le
dimanche et les cérémonies à condition d’être riche. Beaucoup
de chaussures ne sont pas à la pointure car elles proviennent d’un don
ou d’un héritage et on évite de les porter La grande majorité
des oléronais marche pieds nus à partir du printemps jusqu’à l’automne
par économie et possède une paire de « galoches.
Les
sabots ou « galoches » sont garnis de
paille ou d’un chausson à semelle de cuir qui deviendra plus tard
« charentaise » .Le savaron ou sabaron est récent.
|
 |
 |
Un tablier ou « sarreau » ou
« gad'robe » protège corsage et robe, il tombe à deux
doigts au dessus de la robe, il est de couleur bleu, gris ou en sac. Il
est lié à la ceinture et sur les fesses avec une poche debout à l'entrée
L’habit varie peu entre
été et hiver car ce qui garde le chaud est réputé protéger du
froid…
Les dessous possèdent
quelquefois des poches ou « boughettes »
dans lesquelles les femmes mettaient porte-monnaie mouchoir et couteau.
On accède à ces poches par des fentes latérales sur la jupe
ou jupon : les " maingaillères " .
|
L’oléronaise
porte la semaine un habit en cotonnade, ou laine très épais et serré à
la taille, des « manchettes » pour ne pas user les
manches et trouer les coudes de son corsage, sur ses épaules un grand
mouchoir à carreaux.
Sa jupe est de
« siamoise » rayées de grandes bandes verticales,
blanches et couleurs vives sous laquelle elle porte deux ou trois
jupons. Les femmes riches ont des velours noirs ou de couleurs sur les
jupons.
Aux jambes, elle porte des
« yetras » qui sont des étuis de laine noire sans
pied, toute l'année. Un galon au-dessus du genou en assure le maintient.
Pour dormir les femmes avaient
un bonnet de nuit et une camisole sur la chemise. Le jour elles
prenaient le bonnet dès le lever.
Les femmes allant travailler dans les marais ou
pratiquant la pèche à pied portent plutôt des culottes
celles-ci leur permettant de se baisser sans se mouiller.
C’est la
« culotte de côte » que la plupart enfilent
par-dessus leur robe en « droguet » et enlèvent dès
qu’il n’y a plus de risque afin d’être plus présentable !
|
 |
La
tenue de tous les jours des oléronais
est
celle que l’on rencontre presque partout en France :
 |
Une blouse bleue très ample sans col, (dite
« à la villette » car elle ressemble à la blouse des
maquignons ) un pantalon de « coutil » gris et un
grand béret. Il porte en dessous une chemise généralement de lin avec
des plis au cou, aux poignets et sur la poitrine.
Le pantalon est en
« droguet » tissus en laine sur chaîne de lin rayé ou
non, de couleur sombre.
Le
« droguet » est le tissu de base des costumes paysans
du XVIIe au XIXe siècles dans tout le Poitou. C’est un tissu rustique
et solide que l’on teinte à volonté.
Pour
absorber la sueur : un mouchoir de cou en coton généralement à
carreaux et couleur tabac; d'où son nom le " tabatou " et autour de la
taille une large ceinture de flanelle de couleur spécifique au métier
exercé.
La ceinture de flanelle
est utilisée hiver comme été. La garance est très prisée pour
teinter les flanelles en rouge car la plante aurait les vertus de
protéger du rhumatisme.
L’homme
travaillant dans les marais porte des
« pètreaux » sorte de guêtres pour se
protéger du sel ou empêcher les cailloux, graines et autres débris
d’envahir ses sabots.
Il porte soit un béret
soit un bonnet à pompon.
|
Le
vêtement de cérémonie. |
Josette
et Christian en costume de cérémonie
|
 |
C’est souvent celui du mariage que l’on ressort
précieusement pour les fêtes religieuses, les mariages et frairies.
La femme ne se mariait
pas encore en blanc mais de couleurs vives et chatoyantes.
|

Marie Coltégéol en
costume de mariée vers 1866 (photo de famille aimablement transmise aux
Déjhouqués)
La femme
porte un costume broché, laine et soie, en
« damassé » quand elle est riche, en lainage uni
quand elle l’est moins. Le corsage est très serré à la taille, avec
velours et dentelles au col et aux manches.
La jupe est très ample et cache
un large jupon aux vieilles broderies.
La culotte fendue est liée avec
un galon à ceinture, un galon avec trou-trou aux jambières et de
nouveau un galon en dessous.
Les souliers sont en croûte à
talons bas avec lacets
Les mitaines ou garemains sont
blanches ou noires avec le pouce et juste une phalange, au poignet ou
plus haut elles sont brodées ou avec un pompon au poignet.
Le « châle » est une pièce carrée de
90 à 100 cm de coté unie ou imprimée toujours
brodée main avec des franges Il peut être remplacé par une
« Berthe » pièce en forme qui ne nécessite aucun pli
pour être fixé sur le « caraco »
Mis au goût du jour dès la 2éme moitié
du XIXe siècle, le châle est très vite adopté pour satisfaire la
coquetterie féminine. Il est l’expression de la richesse de la famille.
. Issus de différentes manufactures de
France, d’ateliers de brodeuses, ou de réalisations personnelles, ils
sont: en soie brochée, en velours frappé, brodés sur velours, sur
tulle, sur lainage, perlés de jais, frangés de manière variée, selon
les goûts et les modes.
Pour fixer le « châle » il
faut faire trois plis en haut à l'arrière, l'épingler en deux points
derrière les trois plis détendus passant sur l'épaule. La pointe doit
arriver au niveau de la taille
Le tablier (la mariée n'en porte pas) est en laine ou en
taffetas avec 7 plis au repassage et sa longueur tombe une bonne main
au-dessus de la jupe.

de gauche à
droite: Louisette, Robert, Josette, Christian, Paul et Marie-Rose.
Trois couples en costume de cérémonie
sauf Christian en marin.
Le châle en fin lainage est brodé main ton sur
ton, quelquefois aux bordures brochées.
Le tablier de
fête est en satin brillant (ou en soie) broché
Le petit panier
traditionnel appelé « boutillon » prononcé
bout'ion
|
Marie-Rose, ancienne présidente et Paul au
diatonique
|
 |
Sur la photo ci-contre à gauche le
couple André Botineau
fondateur du musée de la coiffe
|
Le costume de
cérémonie de l’homme:
Il porte un paletot « cop'reins »
que l’on prononce plutôt "cop’rin"
En dessous un petit gilet
agrémenté de tissu brodé
En dessous une chemise fermée
au col par une cravate
anguille
Le pantalon à pont est soutenu
par la ceinture de
flanelle
Les chaussettes sont blanches
et les souliers cirés
Le chapeau à large bord est
porté plat.
|
Les costumes par les CP anciennes:


En haut le "Ballet" de l'île d'Oléron



Les petreaux à droite pour se protéger les mollets





Pêcheuses à pieds vers 1960
|
Fin
de la page COSTUMES
|