Moïse Deliquet mon père ...

 

Mon arrière grand-père Deliquet Sylvain est mort noyé en revenant d'une foire près de LESSAC alors qu'il traversait la Vienne  en barque comme cela se faisait à l'époque ou l'on marchait à pieds.

...Sylvain mon grand-père habitait  donc
Lessac au lieu dit "La Forgerie" qui serait selon des recherches géanalogiques faites par M Bernard BORDIER le berceau familial depuis le XVII è siècle.

Mon grand-père est décédé le 2 fev 1940 à l'âge de 66 ans, il était journalier, c'est à dire louant ses services de ferme en ferme pour des travaux saisonniers et entre temps il s'occupait de sa ferme de 6 hectares en prairies, vignes, champs et bois.

Avec Françoise ma grand-mère il eut à élever Antoinette, Pierre, Sylvain, Marie, Moïse, Henri et Albéric.


Tombe de Sylvain mon grand-père

Tombe de Sylvain mon grand-père à Lessac


Mes grands-parents, Sylvain Deliquet et Françoise née Petit, habitaient à Lessac au hameau dit « La Forgerie » une fermette de 6 hectares dont l'habitation était constituée d’une pièce en rez-de-chaussée, le lit des parents, une armoire, une maie et l’âtre qui faisait office de cuisine, à l’étage une chambre encombrée de lits car Moïse est le cinquième d’une famille de sept enfants.

Une étable jouxte cette maisonnette riche de six vaches et d'un cheval, l’étable est prolongée d’un hangar pour les outils avec son grenier à foin. Dans le quéreu près de l’entrée : le puits, le parc à cochon et le four à pain, le tout en pierres couvert de vieilles tuiles tige de bottes. Un jardin potager entoure les bâtiments avec une vigne bien sur et quelques six hectares de prés et vignes éparpillées.
Lessac est à six km de Confolens, en Charente _16_ la ville ou mon père voulait toujours aller de Darcy en auto-stop sachant qu’il pourra faire facilement la route à pied jusqu’à Lessac car il la connaît par cœur ! .
La famille n’est pas riche, mon grand père_que je n'ai pas connu_ outre sa ferme doit s’engager en tant que journalier, il rentre parfois en titubant ou bien est ramené par des voisins compréhensifs.

sa carte d'identité

chez le docteur Flamand à Neuilly

Chez le docteur Flamant à NEUILLY

Rosalie PRIGENTen bretonne

Ma mère en bretonne

Rosalie portera toujours la culotte

et en militaire !

Moise en campagne pendant la guerre

La guerre de 39-45 Mon père

et ses chavaux dont il a la charge.

mariage en 1940

mariage en 1940

papa maman et moi

Vers 1950 ?

Popaul et papa

Chez Bertrandias

Le bureau _ les Lépidi nous avancerons 50000 fr en 1973 pour acheter Chatel

Chez Bertrandias, les "Lepidi" au premier rang avec 

Rose à droite

ma communio 1956?

rare photo du pavillon

Le pavillon de Cormeilles en Parisis, unique maison du chemin de travers des champs Guillaume, la véranda pour descendre à la cuisine et au dessus la chambre des parents, le chien c'est BUCK.

On va manger des crèpes !

A CARHAIX place de halles chez MAM'GOZ ma grand-mère maternelle et Annick ma cousine une des premières grandes sorties de la 4CV vers 1957.


Quito

Nathalie est née à QUITO en 1971

Guiguitte collègue de chez Bertrandias

Départ pour la pèche avec Guiguitte et Loulou, 
des amis, devant la maison de LA GACONNIÈRE


Les Noels à Chatel c'était grandiose d'émotions

Un Noël à CHÂTEL avec pépé et mamie, Nathalie et Delphine sont en rouge, au fond Stéphane et Laurence Savoyat qui viennent chaque hiver.

Julie découverte par ses soeurs !

Julie sa troisième petite fille !

L'été c'est aussi la plage avec les petits enfants

Nathalie et Delphine à la plage avec pépé et mamie

Annick venait voir mes parents presque tous les ans

L'été c'est la plage avec ses petits enfants et ici Annick ma cousine et ses deux garçons.

Les enfants avec pépé et mamie

Nathali, Delphine & Julie avec leurs grand-parents _1986

Le couple heureux

La traditionnelle éclade lorsque la famille ou les amis arrivent à DOLUS.

Les grandes tablées commez les aimait mon père

Repas en famille à DOLUS

Son dernier jardin

La serre minuscule de DOLUS vers 2006

Une des dernières visite de la famille

A DARCY-BRUN en août 2005 avec son frère Henry

Valentine et François mon cousin.


et son dernier anniversaire de mariage le 30 décembre 2006.Le dernier repas festif à DARCY

et son dernier anniversaire de mariage le 30 décembre 2006.

Paysage à Lessac

Lessac Puycharenton juste au-dessus de "La Forgerie"

Plan de Lessac

Le mariage de SYLVAIN son frère ainé vers 1936, au premier rang le premier couple à partir de la droite sont les parents Deliquet Sylvain et Francoise.

Mariage de Sylvain avec Henriette et probablement sa soeur

L’enfance 1920 à 1926

Dès qu’un des enfants est en âge de travailler, c’est à dire 8 ou 9 ans il est placé du début juin à fin septembre pour garder les bêtes dans une grande ferme avoisinante. Quand c’est son tour Moïse est placé à huit ans et n’ira plus à l’école que l’hiver ! Bien qu’élève brillant il aura du mal à rattraper son retard et il n’obtiendra pas le certificat d’étude ; Par contre, sa mère pieuse exigera qu’il ne manque pas le catéchisme et c’est ainsi que mon père devint anticlérical à vie. Il ne s’est plaint que d’un placement, il en parle souvent, c’est pourtant chez un oncle, mais ce dernier le nourrit exclusivement que d’une grosse tranche de pain dans laquelle sa femme mettait une louche de fromage blanc pour sa musette, et le soir comme il arrivait après les autres, Moïse bien qu’un gamin n’a plus que les restes et se trouve privé de grattons et autres bonnes choses. Ce n’est que lorsque son père voudra le reconduire une année de plus, qu’il se révoltera et révélera les conditions de travail et de nourriture chez cet oncle indélicat. Son père se brouille avec l’oncle et place alors Moïse dans une ferme ou il sera traité comme un fils. La nourriture a toujours compté pour Moïse, il faut dire qui a un bon coup de fourchette.

Le jeune homme 1926 à 1939

A 14 ans il est domestique de ferme à plein temps et fera plusieurs places jusqu'à son service militaire. A l’âge de vingt ans il débarque à la ville : Périgueux dont il garde de bons souvenirs. Il est ordonnance de Capitaine et ce dernier l’apprécie.

militaire

Il monte ensuite sur la capitale, s’engage comme valet chez un grand médecin de Neuilly qui habite une grande maison bourgeoise entourée d’un parc, ou sa sœur aînée Antoinette est déjà femme de chambre aidée aux cuisines de Marcelle. Il y restera 7 ans bien traité et très apprécié. Son frère Pierre déjà marié est aussi à Paris chez des Rothschild qui entretiennent jusqu'à 17 domestiques.
En 1938 il va avec Louis Delage, un camarade d’Availle Limousine village situé à 1 km de Lessac, au bal breton du samedi soir de la porte Clichy et se fait draguer par une minette de 17 ans, Rosalie qui à 9 ans de moins que lui. Elle s’est rendu au bal entraînée par Margot sa tante, toutes les deux sont des bretonnes bretonnantes. Rose et Moïse se plaisent et ne se quitteront plus jusqu’à son arrivée à Darcy !

Rosalie à ParisMoise et Rose probablement dans le bois de Saint Cucufa
Il s’engage chez Michelin, car il veut se marier, gagner plus et être plus libre, il sera magasinier mais il garde sa chambre chez le docteur car ce dernier à toujours besoin de petits entretiens dans le parc et surtout l’apprécie beaucoup car Moïse ne rechigne pas devant le travail et aime rendre service à ceux qu’il aime bien.


La guerre 1939-1945

En juin 1939, il a 27 ans et est mobilisé. Il rejoint donc Périgueux d’où il partira pour le front. Il est affecté à la logistique car il sait s’occuper des chevaux et c’est ainsi qu’il visitera l’Alsace quelquefois sous des bombardements.

A la débâcle de 1940 il rentre pour  ramener ses chevaux depuis l’Alsace jusqu’à Périgueux ce qui lui vaudra une citation !

Démobilisé comme cultivateur, il retourne alors à la maison familiale de la Forgerie à Lessac.

vendanges

Il est donc en zone libre et envoie un courrier à Michelin son dernier employeur. En retour il est engagé Boulevard Peyrere à Paris pour changer les pneus des taxis.

Pour son mariage, il se rend à Carhaix en décembre 1940, se marie le 30 décembre à la Mairie et le 31 à l’église. Il pleuvait bon présage !
Rose et Moïse retournent à Paris, ils sont logés par Michelin à Courbevoie 11, Rue Pierre Brossolette, dans un ensemble de 5 immeubles et ont un appartement au dernier étage le 11 ième. Moïse est magasinier et Rose travaille chez Lubin au conditionnement de parfums Mais la menace du STO les pousse au retour à la terre. Ils retournent donc à la Forgerie ou ils resteront deux ans. Ils y ont bien travaillé puisque je naîtrai à l’hôpital de Confolens en septembre 1944.

26 septembre 1944 Alain nait à CONFOLENS
Dès novembre avant la libération, ils remontent à Courbevoie, un des immeubles Michelin a été touché par les bombardements alliés. Moïse reprend le travail chez Michelin.

En février 1945 ils retourneront en Bretagne à CARHAIX pour m'y laisser chez man'goz ma grand-mère ou je resterai jusqu'à la maternelle, ma grand-mère n'apprendra le français qu'avec la télé ce qui fait du breton ma langue maternelle!

Pique nique le long du canal à CARHAIX


Les dures heures de 1945 à 1950

Chez Lubin ce n’est plus ce que c’était, les impôts sur les alcools mettent au chômage une partie du personnel et ma mère retrouvera un emploie chez Bertrandias, à La Garenne-Colombes  comme employée affectée au classement, au courrier et à l’entretien L’entreprise fabrique des coussinets antifriction dont tous les moteurs d’avions, les chemins de fer, les moteurs de bateaux et l’industrie renaissante de l’automobile en cette époque de reconstruction nationale ont besoin. L’entreprise paye bien et offre des étrennes somptueuses pour garder un personnel de confiance. Mon père y sera engagé en 1948/49 comme fondeur. Le travaille consiste à couler dans des moules à l’aide d’une énorme louche, du métal blanc (plomb, étain, antimoine) en fusion. A l’époque il n’y a pas de masques, l’on travaille dans une grande halle heureusement haute de plafond, dans une atmosphère de vapeurs de métaux lourds et il fait si chaud que l’on travaille torse nu et en sandalettes. Ce qui lui vaudra une sérieuse brûlure au pied à ma connaissance le seul accident du travail!
Le travail est dur, l’entreprise est de dimension familiale, le salaire confortable.

Mes parents me rejoignent en Bretagne et m'emmènent chaque été à St Nic PENTREZ ou ils louent une chambre chez l'habitant, _ je revois la chambre avec l'énorme motte de beurre sur la table et le réchaud à pétrole en guise de cuisine_mon père m'initie à la pèche à pied et m'apprend à nager. J'ai des souvenirs de pèche à la ligne aussi dans le canal de Nantes à Brest.

Pour mes 5 ans je les rejoins à Courbevoie, je parle plus breton que francais et c’est une dame du même immeuble qui me garde. Elle a un fils de mon âge. A l’époque mes parents vont travailler à vélo, lesquels sont rangés dans un immense garage souterrain, sous la cour entre les immeubles Michelin. Monsieur Bertrandias, le patron roule en Pontiac que ma mère astique pour chaque visite chez un client, j'y suis monté une fois, pour y vomir confortablement. L'usine était à Courbevoie près de celle d'Hispano Suiza et j'ai des souvenirs d'énormes tas de montres et d'objets en argent comme des timbales, cuillères, vaisselle et bougeoirs. Les deux fondeurs à l'aide d'une énorme louche transvasent dans des moules le mélange en fusion qui forme aussitôt quelques lingots. Ensuite les tablettes supportant les moules sont retournées et les lingots se détachent laissant apparaître sur la face supérieure très brillante une étoile qui est le logo des "antifrictions STAR".  Je me souviens être allé au salon de l'automobile au grand-palais y voir le stand Bertrandias.
Mon père pour s’occuper le dimanche va à la pèche avec Louis son ami d’enfance ou des collègues et quand il fait beau ma mère le suit avec le pique nique et moi sur un porte bagage. Pour occuper ses soirées il collectionne les timbres. Mais l’envie d’un jardin et de gratouiller la terre l'habite; alors avec Louis Delage son ami d'enfance. Ils cherchent un terrain à acheter pas trop loin et le trouvent à Cormeilles-en-Parisis à l'ouest de Paris. Mon père vend avec joie sa collection de timbres sur les colonies et outre-mer mais  garde la loupe et la pince, Louis emprunte à Michelin et ils achètent en 1950 un terrain d’un hectare dans la plaine maraîchère de Cormeilles-en-Parisis ou les agriculteurs n’ont pas encore de tracteurs mais des chevaux. Cinq miles mètres chacun, de quoi s’occuper réellement et régénérer les poumons ! Ce terrain est en pleine zone « ZUP » c’est à dire expropriable à merci.

La rue du travers des champs Guillaume en 1962 Le chemin de travers des champs Guillaume (en 1962 l'électricité est arrivée aux frais des Deliquet )

Le trésor de joie 1950 à 1957


Les deux amis construiront chacun une cabane en dur pour abriter la famille le week-end. Le terrain est loin de tout, pas de route, pas d'eau, pas d’électricité mais quel bonheur. Mon père y creuse un puits pour pouvoir arroser, il va même jusqu'à creuser les fondations de la maison qu’il veut construire mais la loi Loucheur bloque les crédits car il n’y a pas de viabilité. Dans ce grand trou abrité des vents il mettra ses semis !
Mon père roule en " VAP ", un vélomoteur à galet sur la roue arrière, rien à voir avec les veaux de " Solex ", il traîne une petite remorque en aluminium peinte en marron, pour moi et le pique nique, quant à ma mère, elle est à vélo et s’accroche à son épaule, car il faut faire une dizaine de km pour arriver dans leur paradis !
Un été mam'goz viendra nous rejoindre et partagera pour son plus grand bonheur ma remorque, je la revois encore toute habillée de noir avec son châle et sa sempiternelle coiffe !

Un pavillon isolé se trouve proche du terrain, il est à vendre depuis longtemps et loué par une famille de réfugiés arméniens. Faute de route d’accès, sans eau sans électricité, au milieu des champs et de surcroît en ZUP les repreneurs ne sont guère intéressés.
Rose et Moïse comptent leur richesse et les étrennes à venir et l’achètent. La famille Katchikian qui l’habite, soit les parents et leurs 5 enfants iront à Courbevoie, dans le petit appartement du 11 ième. Le pavillon n’est pas si grand qu’il en a l’air: une cave, deux chambres au-dessus et un petit grenier auquel on accède par une échelle extérieure. Par contre c’est en meulière s’il vous plait ! La prime de Bertrandias permet d’aménager une cuisine dans la cave après l’ouverture d’un soupirail, d’installer une cuisinière au charbon qui fait chauffage central pour les deux chambres au-dessus. Mauvais calcul car en l’allumant à six heures et demie du soir, l’on passait la soirée dans la froidure pour se réveiller dans la chaleur.
J'apprends à glaner avec un camarade d’école, le blé, les feuilles de vigne et les patates oubliées dans les champs alentours.
Mon père s’achète ensuite une Motobécane, une « 125 », marron et beige foncé avec deux sacoches en cuir et un siège à l’arrière pour ma mère. Comme ils travaillent dans la même usine, ils ont les mêmes horaires c’est pratique et c’est un grand progrès par rapport au couple vélo et VAP.
Le pavillon n’est guère confortable, les radiateurs sont parfois gelés et il y toujours de la buée qui perle partout, surtout dans la cuisine peinte au ripolin qui est en sous-sol. Faute d’électricité descendre boire un verre d’eau à la cuisine la nuit est une expédition, chacun a donc à portée de main sa pile Wonder qui ne s’use que si l’on s’en sert !
Une citerne à la cave recueille l’eau de pluie qui arrive à l’évier de la cuisine sur une pompe « Jappy » et l’on s'éclaire à la lampe à pétrole. Georges, le mari de Margot a construit une T.S.F. qui fonctionne sur piles et ainsi le soir en mangeant l'on écoute les nouvelles et mon père ne se lasse pas de critiquer plus souvent qu’a leur tour les hommes politiques.
Le dimanche l’on écoute les chansonniers, mon père adore ! .
En guise de salle de bain il y a les douches municipales à quelques kilomètres ou je vais donc une fois chaque samedi à pieds puisque mes parents se douchent à l'usine. Les WC: c’est la cabane au fond du jardin.
Le jardin abrite une basse cour où les poules et lapins vivent en bonne entente. Il y a une réserve de fourrage et de betteraves. Le jardin est à une centaine de mètres et là il y a un grand carré de luzerne, un grand carré de fraisiers, des légumes de toutes sortes, des betteraves, des asperges, quelques rangs de vigne et surtout beaucoup d'arbres fruitiers. Le chemin est une horreur et toute la famille consomme beaucoup de cirage car les chaussures sont toujours crottées vu que le chemin est travaillé au milieu par les chevaux et de chaque coté par les roues des charrettes qui creusent d’immenses ornières et c’est une gadoue perpétuelle .


Mais toute la famille est heureuse. Ma mère profite du grand air en pleine campagne, du chant des merles le matin et du parfum des fleurs entourant la maison. Mon père s’éclate avec son jardin, ses poules, ses lapins et son chien, il se lève tôt pour nourrir tout ce monde et fait aussi plusieurs heures de jardinage avant de rentrer souper le soir et c'est ma mère qui m'aide pour les devoirs pendant qu’elle prépare le repas et la soupe du chien. Après souper on se partage le France soir ramené des bureaux. Le jardin donne tellement qu’on en vient à faire du troc avec l’épicier du coin qui réside à la « ferme Lambert » sur le Boulevard, œufs et légumes contre huile et café.
Je vends les peaux de lapins pour mon argent de poche et gagne 20 centimes par peau, et plus si c’est une blanche sans tache.
Le modernisme arrive avec l’éclairage au gaz butane dans la cuisine c’est une révolution car la lumière est intense. Bien plus tard, chacun aura sa propre lanterne camping-gaz, moi pour faire mes devoirs et mes parents pour lire au lit. Fini les trous de nez tous noirs à cause du noir de fumée généré par les lampes à pétrole !
Le matin ma mère m'accompagne chez Mme Barabé d’où j’irai à pied à l’école, reviendrai le midi pour déjeuner et attendrai le soir en jouant ou commençant les devoirs.
Chez Bertrandias vers 1955

(Au centre Moïse  en train de couler le métal en fusion _ devant Adrien chez Bertrandias vers 1955)

Bertrandias

(A droite en bas le "Gros-Louis" et à gauche Adrien, tous deux sont souvent venus à Cormeilles _Moïse au centre 

et ma mère en haut à gauche à coté de Xavière Lépidi_photo probablement prise à Nanterre vers 1967)

Bientôt, en achetant un terrain contigu au pavillon, mon père construira avec le « gros Louis », ceci dit pour le distinguer de l’ami d’enfance maigre comme un clou, un garage et une pièce pour servir de réserve et d’endroit pour faire du cidre. Mon père s’est résigné à arracher sa vigne qui donnait une sacrée piquette pour mettre plus d’arbres fruitiers et beaucoup de pommiers, poiriers, pêchers et fraisiers.
Il fait faire un escalier intérieur pour accéder au grenier de la maison et c'est Claude-Yves, le fils d’Antoinette, qui a 6 ou 7 ans de plus que moi qui en fera sa chambre. Il est beau costaud et tailleur de pierre, c’est à dire « limousin » selon la tradition. Il restera jusqu’à son départ pour le service militaire en Algérie, dans les parachutistes.

Les années fastes 1957 à 1970

Le garage terminé, en 1957, mes parents recassent la tirelire et achètent une 4CV Renault. Ils feront des jaloux. Ma mère a été promue cuisinière chez Bertrandias, ce qui vaudra à mon père d’avoir souvent du rab le soir puisqu'on n'a pas de frigo !

En 1962 ils achètent une maison de pêcheur dans l’île d’Oléron. Albéric mon oncle et parrain est gendarme au CHATEAU et c'est lui qui fera découvrir à toute la famille les charmes de l’île et surtout la pêche à pied. Beaucoup d’oncles et cousins-cousines viendront y établir un pied à terre.
Dès lors chaque vacance ou WE prolongé de mes parents se fera à LA GACONNIÈRE et se sera un festin de crabes d’anguilles, de palourdes, de luisettes et d’huîtres sauvages. Mes parents sont des champions de la pèche à pied, si bien qu’il y en a souvent de trop, et Albéric qui a une nombreuse famille ou bien des amis ou famille de passage s'en régalent. La maison de LA GACONNIÈRE est arrangée et modernisée. Elle est beaucoup plus confortable que le pavillon de Cormeilles. On peut y prendre des douches, la salle à manger-cuisine est immense avec un haut plafond laissant apparaître les solives et il y a une cheminée réalisée par le voisin maçon_ M. Sauton_ Rien à voir avec une cuisine en cave et surtout il y a l’électricité !
Les voisins _les Renaud_ retraités, sont très gentils, lui est un ancien ostréiculteur-cultivateur et c'est Madame qui a le privilège armée d'un bâton et de sa kiss'not toute noire de faire pâturer leur unique vache le long des chemins aux alentours. Quant aux Sauton, ce sont des méditerranéens pleins de vie qui animent le quartier en bavardant à très haute voix et accent du midi. Mme Renaud n'a pas de vélo mais un tricycle car parfois le vent par ici est violent. Elle nous offre tomates et légumes à chaque fois qu’on lui donne des palourdes. Le lait de sa vache est une merveille et la crème du matin étalée sur les tartines grillées à la cheminée c’est un régal.

Je suis à présent élève au lycée d'Enghien-les-Bains, car l’objectif de mes parents est d’avoir un fils instruit qui réussira dans la vie...

Mon père est monté en grade, il forme les nouveaux. Sa vie est moins pénible, rythmée entre le jardin au matin, le travail à l’usine et de nouveau jardinage le soir! Il fait son cidre, conserve ses pommes et fruits jusqu’à Pâques. Le samedi soir c’est la sortie au cinéma pour voir Jean Gabin en famille. C’est l’époque ou Roger Pierre et Jean Marc Thibaut y font les entractes, le cinéma est à Bezons sur la route du boulot ce qui donne l’occasion de voir l’affiche, lorsque celle-ci ne leur plait pas ils s’invitent chez Margot car Georges est radioélectricien et s’est fait une télévision.
Le menu du dimanche est immuable, lapin ou lapin, soit en civet soit à la moutarde soit rôtit puis salade et camembert. Au dessert toujours des œufs aux lait. L’après midi c’est la belote avec Margot et Georges ou amis. L’on mange souvent dehors sous le pommier devant la maison car il a bien grandit. Il y a aussi un énorme noyer et un cerisier qui donne beaucoup, surtout aux étourneaux sur lesquels se venge mon père lorsque c’est la saison. Ils finiront dans les assiettes et ce n’est que justice ! .
Chaque congé d’au moins quatre jours est l’occasion de descendre en 4CV dans l’île d’Oléron. Nous partons à trois heures du matin, il faut dix heures de route et quelques heures de queue pour le bac. Nous verrons la construction du pont mettre fin à de cette colossale queue au bac.
A Cormeilles mes parents recassent la tirelire et font venir à leur frais une ligne électrique car maintenant des constructions sont arrivées à environ 200 mètres de chez nous. Se sera enfin l’arrivée du frigo et de la machine à laver et surtout de la télévision. De nouveaux voisins cela signifie aussi de nouveaux beloteurs! Se sont des années de bonheur et labeur pour tous, l'été je  gagne ma croûte pour aider mes parents, en fait me faire de l'argent de poche car j'ai une passion coûteuse: les TSF et un magnétophone.

Le fils unique réussi le bac en 1962 et c'est une immense satisfaction pour mes parents.

Je vais à Paris poursuivre des études scientifiques dans une école de Chimie privée. C’est un gros sacrifice pour mes parents car le fils unique n’ouvre pas droit à une bourse. Je rentre tous les WE à Cormeilles car j'ai un coin  dans une chambre de bonne pour 40 francs par mois chez la tante d'un camarade.

Je  présente en juin 65 à mes parents Chantal mais ce n’est pas l’enthousiasme et les premières rencontres entre la future belle fille et la future belle-mère sont plutôt froides sinon glaciales !

Chantal et mon père ont toujours eu une relation privilégiée.

En 1968  je prépare un diplôme d'ingénieur , je vis alors avec Chantal et ce ne sont pas Rose et Moïse qui marient leur fils mais nous qui décidons de nous marier en les y invitant.
Mon père attend sa retraite avec impatience mais ma mère de neuf plus jeune le poussera à continuer jusqu'à ce qu’elle ait ses trimestres.


Le fils unique les fait grands-parents en 1971

En 1969 je pars avec Chantal pour la coopération en Amérique du Sud à Quito capitale de l’Equateur.
Là-bas nous les ferons grands-parents et entre temps ils seront expulsés du pavillon et du terrain de Cormeilles.


Cormeilles II de 1970 à 1977

L’expropriation n’a pas été une surprise car elle était menaçante depuis toujours Avec le dédommagement ils acquièrent un vrai pavillon dans la ville et mon père ne sera même pas privé de son jardin qu’il exploitera jusqu'à son départ à la retraite en 1977 à l’age de 66 ans.
En effet l’expropriation n’a pas donné lieu à la réalisation d’un projet et Moïse pour une fois s’est félicité de l’incapacité des politiques.

DOLUS d’Oléron et la retraite heureuse de 1977 à 2005

Mes parents se sont préparés à leur retraite en faisant construire à Dolus une belle maison qu'ils ont agrandie ensuite pour pouvoir accueillir chaque été leurs petits enfants.
Mon père a continué de jardiner à la Gaconnière, une serre pour les melons car les petits enfants adorent. Une serre pour être le premier a récolter des patates en février ou mars puis y placer des tomates, salades radis et courgettes. Un cabanon pour conserver les fruits et un pour abriter le matériel. Mon père se lève avec le Soleil que les merles annoncent bruyamment, une demi-heure après il est au jardin à La Gaconnière jusqu’à midi ; sauf si la marée lui permet d’aller vite fait prendre Rose au passage et s’offrir une pèche au carrelet ou une pèche aux étrilles. L’après midi sieste et jardinage autour de la maison ou belote au club ou les trois. Le week-end Rose et Moïse sont souvent visités par toute la famille qui revient de sa caravane et fait halte pour la bonne table et pour l’accueil chaleureux car Moïse sait recevoir et donner toujours le meilleur de ce qu’il a .C’est sa façon d’aimer la vie
La tempête de 1999 fera quelques dégâts au jardin mais mon père commence à avoir quelques problèmes avec ses jambes, et avec sa mémoire. Il remettra en ordre le jardin avec Raymond son neveu et le jardin sera vendu.
Mon père continu alors de s’occuper autour de sa maison. Il se construit une petite serre et y passe une grande partie de son temps pour arroser matin, midi et soir!  les plantations sont dociles et tout pousse !


Darcy de 2005 à 2007

La vie de Moïse prend un autre tournant en janvier 2005, il fait un petit AVC et est conduit à l’hôpital de Rochefort. Il y perdra ses derniers repères et beaucoup plus grave un grand morceau de mémoire. Ses jambes le lâchent de plus en plus souvent et son placement en maison de retraite devient indispensable. Le choix se portera sur Darcy-Brun d’Etaules car Chantal y travaille et c'est très proche de chez nous. Nous avons pu ainsi le prendre une fois par semaine pour déjeuner en famille. Mais très vite sa tête et ses jambes l'abandonnent de plus en plus et bientôt il devient pratiquement impossible de le faire monter en voiture. Il ne pense plus qu'à retourner chez sa mère à Lessac. Petit à petit son état général se dégrade : de la marche en s’agrippant aux balustres il passera au fauteuil puis du fauteuil au lit qu’il ne quitte plus depuis février 2007.

Le 29 mars 2007

Moïse le généreux
Moïse le courageux
Mon père, brave des braves nous a quitté après une vie pleine de bonheur à l'âge respectable de 94 ans!

 Historique des établissements  BERTRANDIAS ex Internet (2010)

Historique Bertrandias