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DANSES

du répertoire SAINTONGEAIS

et du POITOU traditionnel parlant notre patois.

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Entrée de bal de Saintonge

avec descriptif

Saintonge

La circassienne

avec descriptif

Saintonge

La sauce aux lumas

avec descriptif

Saintonge & POITOU

J'aime la galette

Saintonge

La pêche aux moules

Saintonge

La gigouillette

Saintonge et POITOU

Le branle du POITOU

POITOU

Une belle Scottish

Poitou

Un RONDEAU

Saintonge 

Une MAZURKA

Saintonge 

La polka piquée de Saintonge

avec descriptif

Poitou 

La polka russe

Saintonge

La chanson du goret

Bas POITOU

Un congo

Sud de la SAINTONGE

La guimbarde

Saintonge 

Un article de Monsieur MOREAU provenant de la revue éditée par la SEFCO
Aguiaine, LeSubiet-N°253 -Mars-Avril 2006

Les bals
(région de MATHA)

Les jours de frairie (fête patronale), il y avait 2 bals : un chez Birot, tenus par les parents de Marie Bouchet, où nous allions. L'autre, chez les Labosset, dans l'ancienne salle de danse (maison Claude Moreau) derrière notre maison : c'était le bal des bourgeois, des badinguets.
Mais pour les autres bals, nous allions tous chez Birot, Labosset n'ouvrait pas sa salle ; il la louait seulement quand il y avait des noces.
En dehors des assemblées et des frairies, les jeunes gens organisaient parfois des bals, l'hiver, dans la salle de danse. Par exemple, à Gourvillette, on dansait les soirs de la foire de Beauvais, mais les musiciens n'étaient payés que 5 francs, car ils jouaient moins longtemps. A l'entrée du bal, les hommes et les jeunes gens payaient 4 ou 5 sous. Les jeunes filles ne payaient pas, ni les femmes, ni les jeunes du village qui faisaient leur service militaire. Les cavaliers offraient un rafraîchissement à leur cavalière après chaque quadrille (menthe, grenadine, orangeade, bière, limonade, ou café). Ça coûtait 5 sous par personne. En général, on se rafraîchissait 2 ou 3 fois par bal. Le bal finissait par le quadrille des lanciers : c'étaient les danseurs les plus habiles qui menaient ce quadrille. Certains «battaient les ailes de pigeon» : un cavalier s'avançait face à un autre qui tenait 2 danseuses par la main. Le cavalier seul se soulevait sur la pointe des pieds et battait des talons comme si ç' avait été des ailes.
Autrefois à l'orchestre, il n'y avait qu'une clarinette. Puis on ajouta un piston. À la fin, ceux qui voulaient faire chic ajoutaient un tambour. Pour une journée, un musicien gagnait 10 francs. Souvent, les ballades duraient deux jours. À titre de comparaison, un beau mouton valait 40 à 42 francs. Edmond, mon frère, jouait du piston : c'était intéressant pour la paie, mais c'était très dur. Il passait la nuit à jouer et en rentrant, le matin, le jour était levé. Edmond changeait de vêtements et partait travailler dans les champs. Parfois, il jouait encore la nuit suivante. Léopold Renoux, qui jouait de la clarinette avec lui, travaillait comme maçon avec son père ; aussi, pouvait-il dormir quelques heures. Quand, par hasard, il y avait 2 frairies qui se succédaient (15 août, lendemain plus dimanche et lundi suivants par exemple), Edmond avait les lèvres enflées et il ne pouvait manger de salade, ni d'autres mets épicés (en ce temps-là, on mangeait de la salade et des moghettes tous les soirs).
Un jour, nous avons voulu aller au bal à Massac. Nous voilà partis, à pied, en bande, en chantant. En arrivant à Massac, pas de bal ; les gens qui le tenaient étaient absents. Nous sommes revenus, toujours à pied et toujours chantant, par Beauvais pour nous amuser (10 km).
Une fois, nous allons chez Herminie, l'épicière, pour qu'elle autorise sa fille Thérèse à venir au bal avec nous chez la Roulline. Herminie nous dit:
«Jamais la Roulline n'achète rien chez moi, Thérèse n'ira pas danser chez elle».
Nous arrivons au bal et nous répétons tout à la Roulline :
«Bon, bon, les drôlesses, allez donc dire à Herminie qu'elle me vende une livre de café» (la Roulline tenait café en même temps).
Herminie nous a vendu le café ; Thérèse est venue au bal et, ensuite, a continué d'y aller.
Une autre fois, la Roulline avait mouillé le plancher du bal pour qu'il y ait moins de poussière. Nous dansions un quadrille : un gars qui faisait des simagrées en dansant tout en reculant, glisse et se retrouve assis dans la boue ; le fond de son pantalon blanc n'était pas beau et le gars était furieux.
L'arrière grand-mère d'Henri Villemonté, la Barite, n'était pas contente parce que sa fille était au bal. Elle est entrée avec une verge sous sa garde-robe (tablier) et puis elle a sorti sa fille du bal à coups de verge (à 18 ans). La même mésaventure est arrivée à une fille de Cressé: sa mère l'avait appelée deux ou trois fois, mais la drôlesse n'était pas prête à s'en aller. La mère, en colère, l'a sortie du bal à coups de pied dans le derrière.
Souvent, les femmes mariées venaient au bal, même si elles n'avaient pas de fille à accompagner, pour se retrouver ensemble et échanger les derniers potins. Celles de Gourvillette n'avaient pas la réputation d'être bavardes, mais à Cressé, il y avait 4 mauvaises langues qui venaient uniquement pour critiquer les jeunes, leurs façon de s'habiller ou de danser. Un jour, deux garçons se sont entendus pour leur jouer un tour: ils s'asseyent un à chaque bout du banc où les 4 femmes étaient groupées et ils se mettent à pousser vers le milieu :
«Arrêtez de pousser, les drôles, arrêtez !»
Mais les garçons continuent, si bien que les commères ont été obligées de se lever et de changer de place, sous les rires de la salle.
Un musicien, mon frère Edmond : c'est Meillet qui a appris la musique à Edmond. Lui-même, l'avait apprise en pension, à Chef-Boutonne (Meillet était un «bourgeois»). Pour l'indemniser, Edmond allait travailler, gratuitement, chez lui, une fois par semaine.
Edmond s'est engagé, par devancement d'appel, pour pouvoir aller dans la musique. Il a été choisi, ensuite, pour aller enseigner la musique aux enfants de troupe, Aux Andelys. On l'a choisi parce qu'il était très bon musicien et surtout très sobre. Dès qu'il a été Aux Andelys, il a été payé, ce qui était important pour lui.
Quand il a eu fini son service militaire, le soir, il allait enseigner la musique à une fanfare de Beauvais. C'était «la Blanche», celle des bourgeois. Il aurait préféré aller dans la société rivale, vu ses opinions politiques. Mais à «la Blanche», on lui donnait 20 à 25 francs par mois et monsieur Forget l'emmenait aux répétitions en automobile (en 1900!) Dans l'autre société, il n' aurait pas été payé et il aurait dû faire le chemin à pied. Les «rouges» sont venus protester près de mon père, mais Edmond n'était pas riche et cet argent lui rendait service. «Sa» fanfare de Beauvais a gagné un premier prix au concours des fanfares de Cognac, mais c'était grâce aussi à la présence de trois copains d'Edmond venus en soutien : un de Loire, un de Marestay, et Dorbut de Cressé.
Un jour, Edmond allait jouer à Bresdon avec un clarinettiste de Massac. Comme de bien entendu, ils faisaient le chemin à pied. En cours de route, le gars de Massac a une envie pressante. Il s'arrête. Edmond continue son chemin. L'autre le rattrape et un moment après, il s'aperçoit qu'il a oublié sa clarinette sur le lieu de son arrêt. En pleine nuit, les deux gars sont repartis chercher la clarinette. Malgré l'obscurité profonde, ils ont arrivés à la retrouver sur un tas de cailloux. Une chance pour le clarinettiste et pour les danseurs de Bresdon ! Mais qu'est-ce qu'Edmond a dû lui en raconter !
Une autre fois, à une noce, les trois musiciens étaient assis sur une table. En jouant et en se démenant, le tambour reculait sa chaise : tout à coup, patatrac! Les pieds arrière de la chaise basculent dans le vide, entraînant le musicien qui aggripe ses deux camarades. Surpris, ils ont bien failli tomber tous les trois, mais ils sont arrivés à garder l'équilibre et même, à remettre d'aplomb le maladroit.

Un autre récit extrait de la revue Aguiaine, Le Subiet, Le Subiochon - N°23 7-Juillet-Août 2003
(probablement durant l'entre deux guerres)

Au bal, trois musiciens sur leur estrade - accordéon, saxo, batterie -jouaient jusqu'à l'aube les danses anciennes : polkas, mazurkas, valses, ou plus «modernes» : tangos, charleston, pasos-dobles. Sur les bancs, autour du tivoli, les mères et grand-mères surveillaient leurs rejetons. Chaque danse était alors très courte et reprise par ce qu'on appelait «le bis» ; méthode plus agréable que celle des interminables danses actuelles, car elle permettait de changer plus souvent de cavalier(e) ; on jouait la «danse des dames», la danse du tapis, la danse interrompue où l'on devait changer de partenaire à chaque coup de gong ; la dernière danse, au matin, était toujours un quadrille, le plus connu étant celui «des lanciers», car il y avait encore des danseurs connaissant les figures relativement complexes de cette danse ancestrale. Tout se passait dans une sorte de cordialité, de joie bon enfant. Une buvette offrait des boissons fraîches et variées ; certains préféraient cet endroit à la chaleur du bal pour méditer devant quelques verres de vin, parfois trop nombreux... Il y avait alors une frairie dans chaque village et aussi dans certains hameaux, comme «Les Vignes» pour notre commune. Ces fêtes populaires ont peu à peu disparu dans les années 60 à 80 ; on peut le regretter, car c'était l'occasion de retrouver parents et amis éloignés, et d'inviter la famille.

 

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