" Les 45 chevaux d'Ujhène Gueurnut "
de Goulebenéze
dit par Pierre Machon.
Le texte provient du livre: "GOULEBENÉZE" de
Georges Labodiniere et Alex Henry



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LES 45 CHEVAUX D'UGHENE GUEURNUT

Gueurnut... thieu drôle d'Ughène Gueurnut...

le fi le François Gueurnut de chez Tabourin.

Avau pas qu'neussu Gueurnut ?

C'est qu'il a jhamais yère resté thieulong ;

il a teurjhou veuscouété tantout d'in couté,

tantout de l'aute ;

il a-t-appris le méthié de marichau et il a voué-yagé peurtout :

il a travaillé jhusqu'au d'ir Saint-Jhean-d'Anghélique.

De thieu moument, il est sous les drapeaux ;

il est au 14e curacier a Bourdeaux, y s'en vinrat-avec sa kiase, thiette année.

O fait que thieuques jhours avant le prômier de l'an

le facteur a-t-apporté ine lette chez eux :

Chère paran, Jhe seû de ce moment chôfeur de t'mobile chez le colonelle

et coume y s'en va-t-en parmission de vin jhours,

jh'éré vous souété la boune année venderdi,

avec ses 45 chevaux.

Jhe vous embrase d'émitié.

Ujhène GUEURNUT, kavayer au 14e curacier.

La lettre arrivit à dix heures, à midi, tous les jhens de Chez-Taboutin saviant

que le fi Gueurnut, allait arriver avec ine keuvalerie.

— Comprr'nez vous thieu ? qu'o disiant les Gueurnut,

in coulonel qu'a 45 chevau prr' li tout seul ! Et qu'allons-jh'y faire ?

Thieu drôle est fou, il arait amné son chevau,

o Tarait reun à dire, mais 45 ! Ham !

Et de la piace peur zou mette ? Et de l'avouène prr' leu baillé !

Et c'est qu'o dit Gueurnut,

o n'en faut pas rin qu'in picotin, non !

Deux jhours passirant : ol était dont l'avant-veille dau premier de l'an.

A force de fouiner peurtant chez les vouézins,

François Gueurnut avait fini prr' trouver ine thienzaine de licoux

en comptant thiellé des baudets.

— Jhe serons d'oblighés de les thittet yor, qu'o dit la Gueurnuche,

vour veux-tu que mettons thiellé poulain n'a l'abri ?

Mais Gueurnut avait fait sept ans.

— Yôr, qui décit, yôr, mais malhureuse,

tu sais dont pas que les chevau passant avant les chrétiens au réjhiment !

La Gueurnuche avait teurjhou entendu dire que soun home était pu fin qu'elle

et a zou créyait ; mais ail' avait soun idée : ?

C'est bon qu'a dit, o n'en éra teurjhou cinq à six dans la thieusine,

mettrons le restant sous le ballet

Le jhour dau premier de l'an, bon matin, maître François Gueurnut,

son bounet de laine tout dreit su sa tete coum' in mouchiron,

traverr'sit l'Héraut et s'en fut se poster su in teurrier. ?

Coume thieu qui dit, quant il arriverai avec ses bidets,

le vouerait v'nit de pus loin : m'est avis qu'o deit bromer su thié route !

O l'avait s'ment pas deux heures qu'il était la,

qu'o fazait in freit que les pieds et les oreilles z'y sabiant,

tout d'in cot y voucyit in torbillon dau yâbe qu'arrivait dreit a la pointe a Begassâ,

entr' les pop'yons : Tuuut ! Tuuut ? ? Fant d'garce, in t'omobile !

Croc ! o s'arretit dreit devant li.

Et qu'étou thieu ? In grand gâs avec ine pia de bique,

des lunettes de cantougnié su les zeuils et ine casquette piate comme in bouze,

se piantit devant François Gueurnut tout dreit. ?

Eh beun queneu-tu pu ton drôle ? ?

Ujhène ! mon drôle ! mon fi aimé !

Et te vouèla ma grande compagnée, habeuillé coume in moncieu.

Et tes ch'vaux ?

Ujhène Gueurnut duvrit tout en larjhe in mourça de fer bian

qu'abbr'yait ine avant-train apointuché coume in bet de kiairinette ;

il appoint son pouze dessus des petit tua coume des sarpentins de chauyère : ?

Peupa, qui dit, les ch'vaux sont la!

y marchant qu'avec de l'heule et de la peutrole,

il avant chaud et me jhe brame de faim, allons déjhuner !

Depeux thielle jhirnée, François Gueurnut est pu le minme houme.

Quant n'on z'y parle, il a jhamais l'air d'été a la quession.

Son fi a-t-éyu biâ y espyiquer, y teurche a comprenre, mais y peu pas !

Y peut pas comprenre coument 45 chevau

peuvant lojher dans le moulin-n-a café d'ine t'mobile

et y veu-rait beun savé quelle poulinicre ameune de thiellés poulains

qui fazant ni crotte ni fumié,

qui manjhant de l'heule en guise d'avouène et qui beuvant de la peutrole !

Le monde disant qui vint fou...

Il l'avant pas re-noumé conseillé municipau aux derr'nières élections...

li qui passait teurjhou en tete de lisse !... ?

Fin

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Pierre Machon fut un acteur de talent qui a toujours défendu le patois saintongeais et nos traditions saintongeaises. Il fut le créateur et l'animateur du groupe folklorique "AUNIS ET SAINTONGE" qui continue de perpétrer nos danses traditionnelles . C'était aussi un acteur de grande valeur qui a entre autres interprété près de 200 fois le rôle de Nanette Burelle dans la pièce " La Mérine à Nastasie ".

Pierre Machon fut aussi le rédacteur en chef de la revue patoisante " LE SUBIET ".

La voix de Goulebenéze s'est tue, mais ses monologues et chansons sont encore interprétés par des groupes tels que " Aunis et Saintonge", " Les bat'égails de Saintonge" , les "Déjhouqués" de l'île d'Oléron, et probablement bien d'autres. Pierre Machon a contribué par ses disques vinyles enregistrés à colporter les monologues d' Évariste Poitevin dit " Goulebenéze " et à nous offrir des morceaux de choix en notre langue saintongeaise pour notre plus grand plaisir.

Notre patois est irremplaçable pour refléter avec humour les faits et gestes de nos braves aïeux.

 

Ce monologue est extrait du disque N° AG70.09

Edité par AGORILA et intitulé

"Veillée Saintongeaise"


 

 


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