" Gueurnut vouéyajhe "

de Goulebenéze

dit par Pierre Machon avec le texte originel.



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Gueurnut vouéyajhe


Quant Gueurnut peurnit l’esprèss à Saintes prr’ aller vouèr sa drôlesse qu’est mariée dau couté d’ Jhonzat,
i montit dont dans n’in wagon d’ deuxième pac’ que, coum ‘ o y avait été espiqué à la chatière vour 
qu’on prend les biyets, i n’avait pas l’ drouet de monté en trouézième kyasse rapport qu’o y avait 
pas assez de kilomètes.

- Si vous v’lez attende l’omnibus, quo y avait dit la dame ?
- Non foutre, quo dit Gueurnut, seux déjha là dépeux 5 heures à matin, jhe coumince à n’en avouèr suffisant, m’en vas !

Et i s’en fut monté dans l’esprèss. I comptit que son biyet y avait couté jholimpent d’arghent.
- O fait pas bon de vouéyajher souvent, qui décit à l’empouéyé qui zi poinsounit son meurça d’ carton en rentrant dans la salle d’attende.

L’aute ne zi répounit point.

Sans zou faire prr’ malice, i montit dans n’in vagon d’ promière. In gâs-t-arrivit aussitout.

- Vous fazez erreur, vieux père, qui li décit, les s’condes sont à couté.
O foulut déménajher. I remontit dont dans in aut’ compartiment, ébouillit les pieds d’ine fumelle qui peurnait la mouétié d’ la piace, mettit son panier rond enteur ses jhambes :

- Zi seux, là, qui dit.
Et l’ train démarrit presqu’aussitout. O y avait quat’ vouéyajheurs et li qui fasiant cint, troué z’houmes et ine fame. 

Aussitout passé Beillant, le contrôleur passit.

- Vous biyets, m’sieurs dames, s’ou piait !
Les troué z’houmes qu’étiant là fazirant vouér leu fotografie, la dame étout.
- Bon, bon, qu’o disait l’ contrôleur, et vous grand-père ?

Gueurnut sortit son bout d’ cartron, l’aute le tôrnit, le brassit bin coum’ o faut, et finissit prr’ zi fend’ ine entaille et le r’mettit à son propeurriétaire.

- Tous thiellés mondes qui sont là, que s’décit Gueurnut, o l’est des gars qui ponant pas. O l’at que moué qui paye éthyi. O l’est bin coumode de monter en ch’min d’ far prr’ reun, rin qu’en fazant vèr sa fotografie. M’en souvinrai, quant o s’trouvinra-t-à l’adon !

Trois mois amprès, Gueurnut retôrnit à Jhonzat, porter à ses z’enfants in présent d’ goraille, pac’ qu’en vous respectant les Gueurnut avaiant tué zeu nob’lle.

A la gare de Saintes, i peurnit in biyet qui zi dounait drouet à passer su les quais et qui zit coutit quat’ sous et, fier coum’ in char à banc, mon Gueurnut peurnit l’esprèss de Bourda ou d’ Jhonzat, si vous aimez meux.

A thieu cot, le contrôleur rentrit dans l’ wagon dau couté d’ Mosnat in p’tit amprès ètr’ passé Anguyille-su-Seugne.

- Vous biyets, s’ou piait !
O ne fut pas pareil. O fut les z’aut’ vouéyajheurs qui sortirant chaq’d’in leur cartron d’ zeux poche prr’ les faire poinsouné.
- O l’at qu’ moué qu’ai pas poné, té, qu’o s’décit Gueurnut, en r’yant en d’souc. Chaquin son tour, o l’est ma revanjhe.
- Vout’ biyet, pépé !
Gueurnut sortit d’in vieux can’pin tout dramé la fotografie qu’il avait fait faire quant’ il était soudart en Tunisie en 1877 et i la baillit à thieu l’houme.

L’aut ‘ ne chéyit point d’ thiu prr’ thieu.

- Vous z’avez vous papiers ? qui dit.
- Suffit-o pas ? quo dit Gueurnut.
- Mon boun’ émit, qu’o décit l’ contrôleur, jh’ai point d’ conseil à vous douner, mais si vous v’lez pas faire queneussance avec les jhendarmes, jhe vous sunifie de payer vout’ piace ranjhément. Encore beun hureux que jhe vous signale pas prr’ éfraction à la loué !

Gueurnut pônit pendant que les z’aut’ vouéyajheurs reuyiant tant qui peuviant et qu’ le contrôleur disait en s’en allant :

- Si vous zou avez fait prr’ faire ine farce, a l’arait pu vous coûter cher !
Quant i fut éboujhé :

- Ah ! voué, quo dit Gueurnut, eh b’ je deurnier cot que jh’ai été à Jhonzat, tous les z’aut’ vouéyajheurs avant fait vér zeux fotografie ! 

Et peuroune leu z’at dit reun ! La preuve quo y at des z’injhustices !  Et o l’est thieu qui l’app’lant la Répub’yique ! Câlin et compagnie, voué !

 

Retour à Pierre MachonUne autre pour suivre... 

Pierre Machon fut un acteur de talent qui a toujours défendu le patois saintongeais et nos traditions saintongeaises. Il fut le créateur et l'animateur du groupe folklorique "AUNIS ET SAINTONGE" qui continue de perpétrer nos danses traditionnelles . C'était aussi un acteur de grande valeur qui a entre autres interprété près de 200 fois le rôle de Nanette Burelle dans la pièce " La Mérine à Nastasie ".

Pierre Machon fut aussi le rédacteur en chef de la revue patoisante " LE SUBIET ".

La voix de Goulebenéze s'est tue, mais ses monologues et chansons sont encore interprétés par des groupes tels que " Aunis et Saintonge", " Les bat'égails de Saintonge" , les "piboles" de Courcoury et probablement bien d'autres. Pierre Machon a contribué par ses disques vinyls enregistrés, à colporter les monologues d' Evariste Poitevin dit " Goulebenéze " et à nous offrir des morceaux de choix en cette langue saintongeaise pour notre plus grand plaisir.

Notre patois est irremplaçable pour refléter avec humour les faits et gestes de nos braves aïeux.

 

Ce monologue est extrait du disque N° AG70.09

Edité par AGORILA avec leur aimable permission 
et intitulé "Veillée Saintongeaise"



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