L'église romane

de TRIZAC

en AUVERGNE.


Texte largement inspiré de celui de monsieur Félix Verdier, à disposition dans l'édifice.
Photos de Alain DELIQUET.


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"Site Belle Saintonge".

Trizac est un village de montagne, situé à 965 m d’altitude, au cœur du Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne. 
Trizac fait parti de la Communauté de Communes du Pays Gentiane, regroupées autour de Riom-es-Montagnes.

Le plateau de Trizac semble déjà bien peuplé dans des périodes fort reculées, comme en témoignent les nécropoles tumulaires importantes de la protohistoire et du haut moyen-âge qui s'y trouvent disséminées.

D'après un polyptyque recensant les biens en Haute-Auvergne de l'abbaye St-Pierre-le-Vif de Sens auquel appartenait le monastère de Mauriac, Trizac avait au début du IXè siècle, trois églises dédiées respectivement à Notre-Dame, St Jean-Baptiste et St Beauzire. Actuellement subsiste une seule église dédiée à Notre-Dame de l' Assomption, mais placée sous le vocable de St Beauzire. Trois retables de 1742 dédiés à la Vierge, à St Jean Baptiste et à St Beauzire rappellent les trois anciennes églises.

 L'église de Trizac était un prieuré, déjà sous le vocable de Saint-Beauzire, annexe du prieuré  de Vignonnet dépendant de cette abbaye. Le curé de Trizac était jusqu'à la révolution, à la nomination du prieur de Vignonnet.

la façade de l'église de TRIZAC

L'église, de style roman, date de la fin du XIè siècle ou début du XIIè, elle a été remaniée au XIIIè (voûte du transept,  grand porche) et plusieurs opérations ont modifié au cours du temps son environnement ( 1854 transfert du cimetière), et son aspect extérieur (1865 construction de quatre chapelles latérales, de la sacristie et la reconstruction du clocher).

Le grand porche du XIIIè, s'ouvre par un arc brisé reposant à chaque extrémité sur une tête humaine, avec au fond un portail composé d'une archivolte reposant sur deux visages et des voussures avec des traces de peinture qui reposent sur des chapiteaux décorés alternativement de boules et de têtes. La porte en chêne, très ancienne, classée Monument Historique, est sculptée avec soin, à sa gauche la porte aujourd'hui murée, donnait accès à la tour d'angle (démolie en 1865) qui abritait l'escalier permettant d'accéder au clocher de l'extérieur ; les pierres ont probablement été utilisées dans fa construction des chapelles latérales.



L'église est particulièrement intéressante par sa nef centrale en tuf de Broc ( proche de Menet) de couleur marron fauve composée de quatre travées voûtées, en berceau brisé précédant le transept et par son ornementation dont les principaux éléments sont les chapiteaux romans de la nef à décor de feuilles, de têtes ou à forme géométrique sont d'une grande simplicité.



Ceux du transept en trachyte de Menet sont plus ouvragés et valorisent cet espace :




A la croisée, ces chapiteaux, l'un est historié avec un couple, tous deux agenouillés symétriquement de part et d'autre d'une colonne, elle-même
surmontée d'un chapiteau, qu'ils touchent de leurs mains, _
le symbole des actions_ comme pour lui donner vie!
Leurs vêtements évoquent ceux de dignitaires.

Au dessus la main divine qui a inspiré, ou bénit cette scène, laquelle évoque une donation de chapiteaux,
 ou bien la fondation même de l'église.

Entre les deux chapiteaux, au niveau des tailloirs, deux visages et non un seul, probablement les donateurs
ou Saint Beauzire et sa femme?

(Peut-être l'évocation de Saint Beauzire _ Baudille _ qui selon la tradition serait venu avec son épouse au IVè siècle évangéliser
la région de Nîmes,  ville dépourvue d'églises à l'époque. Les autochtones voulurent l'obliger à participer à un culte païen.
 Baudile s'y refusa malgré les coups. Jugé sur le champ et condamné à mort, il fut décapité hors des remparts.
Il existe près de 400 lieux en France ayant pour patronyme: Baudille ou Bauzile, Bauzille, Bauzély, Baudelle, Baudière, Beauzire )




A la croisée S-O, ces chapiteaux à décor de feuilles.
Remarquez celles en forme pointue, rarissime sinon unique.




A la croisée, ce chapiteau à décor d'animaux : des griffons buvant dans un calice.
Entre les chapiteaux, un seul visage !



Et celui-ci, taillé d'une pierre différente et probablement d'un sculpteur différent,
et de nouveau entre les chapiteaux, un seul visage.


 
Queue du griffon en palmette
(palme des martyrs ?)
Chapiteau à palmettes et entrelac : «d'une grande harmonie de composition ; d'étroites palmes s'épanouissent comme des gerbes de
blé encadrées de palmettes qui s'inscrivent dans les courbes et dont les tiges s'entrecroisent et se nouent à travers des boucles carrées ».

On retrouve les deux visages sur un autre chapiteau:








Peut-être des arches pour représenter l'édifice ?
Avec son ou ses deux donateurs, ou bien est-ce le couple Beauzire ?
Au centre, il me semble voir une sépulture  typique du XIIè avec le logement pour la tête ?
Ce chapiteau évoque t-il la décapitation de Saint Beauzire, au vue des visages décolletés ?


Les petits chapiteaux à têtes humaines sur lesquels reposent les arêtes de la voûte du transept
 attirent aussi l'interrêt, de même que, dans le choeur,



 à gauche du retable, un chapiteau décoré d'un beau visage, faisant face à ce qui serait son objectif: une sirène pourvue d'une double queue,
en forme d'oméga _ le symbole de la beauté spirituelle_, qu'elle maîtrise parfaitement.


VUES GÉNÉRALES:


La nef


Le collatéral


Le chevet et ses modillons à copeaux.


Deux des modillons côté sud.





En ce qui me concerne, j'ai découvert ici, en août 2022, alors que je photographie des chapiteaux romans depuis 2006,
et ceci pour la première fois,
 un chapiteau représentant une vraie croix de crucifix !!
Je ne dirai plus qu'il n'y a pas de croix de crucifix sur les sculptures romanes !!


C'est une croix latine !

En lien avec deux visages, celui des donateurs, ou de Saint Beauzire ?
La forme originelle de l'église, n'ébauchait pas une croix latine, car sans de véritables transepts.
Les chapelles du transept sont du XIIIè !

Alors l'évocation de Saint Beauzire (Basille ?)


Plan de TRIZAC ex livre de P. Moulier.




Les vitraux du transept et du choeur de l'église, restaurés sont remarquables, mais ils sont peut-être bretons !

Aout 2022
Cette église est décrite dans le magnifique ouvrage illustré
 "Églises romanes de Haute-Auvergne", volume I _ Le Mauriacois _ 

de Pierre et Pacale Moulier, pages 144 et 145.




La collection comporte 3 volumes.


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